Hors-sĂ©rie ĂlysĂ©e, l'album privĂ© des prĂ©sidents» - Passions et jardins secrets des prĂ©sidents 28/01/2022 Ă 0630, Mis Ă jour le 15/06/2022 Ă 1502 DĂ©couvrez un extrait de notre hors-sĂ©rie ĂlysĂ©e, l'album privĂ© des prĂ©sidents », 100 pages de photos et de reportages exclusifs consacrĂ©es Ă la vie intime des chefs de l'Etat, en vente Ă partir du jeudi 13 janvier chez votre marchand de journaux... 1/10 Notre hors-sĂ©rie ĂlysĂ©e, l'album privĂ© des prĂ©sidents », 100 pages de photos et de reportages exclusifs consacrĂ©es Ă la vie intime des chefs de l'Etat, en vente Ă partir du jeudi 12 janvier chez votre marchand de journaux... © Paris Match 2/10 Pompidou un culte pour lâart moderne et lâintimitĂ© pour refuge... DĂ©cembre 1969. Georges et Claude Pompidou sont les premiers Ă faire franchir les grilles de lâĂlysĂ©e Ă un chien leur fidĂšle labrador Jupiter, compagnon de chasse prĂ©fĂ©rĂ© du prĂ©sident. Ici dans la maison de campagne du couple, Ă Orvilliers, en rĂ©gion parisienne. © François PagĂšs / Paris Match 3/10 Janvier 1970. Le prĂ©sident avant-gardiste... Face-Ă -face avec la Grande tĂȘte » dâAlberto Giacometti, au musĂ©e de lâOrangerie, Ă Paris. Lâune des Ćuvres de lâartiste suisse ornait la chambre de Georges Pompidou Ă son domicile de lâĂźle Saint-Louis. © François PagĂšs / Paris Match 4/10 1978. Ă la bonne franquette avec VGE ». ValĂ©rie Giscard dâEstaing fĂȘte les quatre premiĂšres annĂ©es de son septennat au village du Reposoir, en Haute-Savoie. Il y interprĂšte Le temps des cerises» Ă lâaccordĂ©on, un instrument populaire quâil affectionne. © Jean-Claude Deutsch / Paris Match 5/10 Mitterrand LittĂ©rature, ruralitĂ© et mystĂšre des civilisations... 1984. Un lecteur de haut vol. Sâil le pouvait, François Mitterrand transformerait son Falcon 50 prĂ©sidentiel en librairie volante. Le prĂ©sident socialiste cultive une passion ravageuse pour la littĂ©rature et pour la bibliophilie le goĂ»t des livres anciens. © Patrick Bruchet / Paris Match 6/10 1977. Lâamoureux des chiens lâest aussi des Ăąnes domestiques. Au point de rĂ©vĂ©ler Ă lâĂ©mission 30 Millions dâamis » ĂȘtre membre de lâAdada lâAssociation nationale des amis des Ăąnes. Ici dans sa bergerie landaise de Latche, avec lâun de ses deux Ă©quidĂ©s. © Claude Azoulay / Paris Match 7/10 Au musĂ©e du Quai Branly, les dialogues intimes de Chirac... En avril 2011, Ă lâoccasion dâune exposition sur lâart dogon qui lui tient particuliĂšrement Ă cĆur. Depuis tout jeune, Jacques Chirac voue une passion aux civilisations lointaines. © Hubert Fanthomme / Paris Match 8/10 AoĂ»t 2013. AprĂšs lâĂlysĂ©e, Nicolas Sarkozy retrouve les joies du cyclisme sur les routes varoises. Tous les matins, je fais 60 kilomĂštres et je franchis deux ou trois cols», revendique ce fou de la petite reine. © Abaca 9/10 Notre hors-sĂ©rie ĂlysĂ©e, l'album privĂ© des prĂ©sidents », 100 pages de photos et de reportages exclusifs consacrĂ©es Ă la vie intime des chefs de l'Etat, en vente Ă partir du jeudi 12 janvier chez votre marchand de journaux... © Paris Match 10/10 Au sommaire de notre hors-sĂ©rie ĂlysĂ©e, l'album privĂ© des prĂ©sidents », 100 pages de photos et de reportages exclusifs consacrĂ©es Ă la vie intime des chefs de l'Etat... © Paris Match Ă chacun ses inclinations. De Gaulle, en visite sur la route du Tour ou en spectateur dans les tribunes dâun match de foot dâoĂč il renvoie le ballon Ă un joueur, fait la joie des gazettes, pas seulement sportives⊠Chirac, subjuguĂ© par les dieux du sumo », rĂ©vĂ©lera aussi son appĂ©tence pour les arts premiers dont il honorera lâhĂ©ritage en leur dĂ©diant un musĂ©e. LittĂ©rature pour lâun Mitterrand, art moderne pour lâautre Pompidou, amour des animaux domestiques pour tous, sport tout-terrain pour certains Sarkozy, les prĂ©sidents exposent volontiers leurs violons dâIngres. Retrouvez la suite de ce grand rĂ©cit en photos dans notre hors-sĂ©rie ĂlysĂ©e, l'album privĂ© des prĂ©sidents »... Contenus sponsorisĂ©s PersonnalitĂ©s Sur le mĂȘme sujet
Débutoctobre 1968, une rumeur enflamme le tout-Paris : Claude Pompidou, la femme de l'ancien Premier ministre, aurait fait assassiner un playboy yougoslave, Stephan Markovic, parce qu'il la faisait chanter avec des photos de parties fines.
Georges-Emmanuel Clancier, Ă droite, prĂ©sente le tĂ©lĂ©film Le pain noir, de Serge Moati, accompagnĂ© ici par S. Solon c P. Colmar Je voudrais aujourdâhui vous parler dâun ami cher, poĂšte et romancier, que nous avons cru Ă©ternel. Il avait dâailleurs Ă©crit un ouvrage intitulĂ© LâĂ©ternitĂ© plus un jour. Nous venons dâapprendre sa disparition et nous sommes tristes. Il Ă©tait nĂ© le 3 mai 1914 Ă Limoges, câest Georges-Emmanuel Clancier. Georges-Emmanuel Clancier naĂźt dans une famille issue, du cĂŽtĂ© paternel, dâartisans de ChĂąlus et, cĂŽtĂ© maternel, dâouvriers porcelainiers de Saint-Yrieix. Il fait ses Ă©tudes de 1919 Ă 1931 au lycĂ©e de Limoges, en classe de philosophie, interrompues par la maladie et cinq annĂ©es de lourd traitement. Ayant dĂ©couvert en 1930 la poĂ©sie moderne grĂące Ă de jeunes professeurs, il commence Ă Ă©crire poĂšmes et proses et, Ă partir de 1933, de collaborer Ă des revues. Son travail poĂ©tique est trĂšs largement liĂ© Ă la mĂ©moire, au souvenir. Il rencontre en 1935 et Ă©pouse en 1939 Anne Marie Yvonne Gravelat, Ă©tudiante en mĂ©decine. Il vient en 1939 Ă Paris, oĂč sa femme prĂ©pare lâinternat des hĂŽpitaux psychiatriques. Elle deviendra la psychanalyste Anne Clancier. De 1942 Ă 1944, il recueille et transmet clandestinement Ă Alger les textes des Ă©crivains de la RĂ©sistance en France occupĂ©e. Ă la LibĂ©ration, Clancier est chargĂ© des programmes de Radio-Limoges et journaliste au Populaire du Centre. Il est appelĂ© en 1955 Ă Paris pour ĂȘtre secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des comitĂ©s de programmation de la RTF, puis de lâORTF, jusquâen 1970. Il publie en 1956 le premier tome, Le Pain noir, dâune suite romanesque dans laquelle il va raconter, jusquâen 1961, lâhistoire de sa famille maternelle et de sa grand-mĂšre bergĂšre illettrĂ©e. Le grand prix de la SociĂ©tĂ© des gens de lettres et le prix des Quatre Jurys lui sont attribuĂ©s en 1957 et 1958. Le roman est adaptĂ© en 1974 pour la tĂ©lĂ©vision par Françoise Verny et Serge Moati. TournĂ© Ă Limoges, il permet aux Limousins de se rĂ©approprier leur mĂ©moire sociale et politique. PrĂ©sident du PEN club français de 1976 Ă 1979 Clancier Ćuvre aussi Ă la dĂ©fense des Ă©crivains menacĂ©s, dĂ©tenus, dĂ©portĂ©s, exilĂ©s. En 2016, Ă 101 ans, Georges-Emmanuel a fait paraĂźtre aux Ă©ditions Albin Michel la suite de ses mĂ©moires, Le Temps dâapprendre Ă vivre, sur la pĂ©riode 1937-1947. Lâouvrage est saluĂ© par la critique comme un tĂ©moignage prĂ©cieux sur lâhistoire culturelle des annĂ©es 1930 et 1940 et sur lâhistoire de la RĂ©sistance littĂ©raire. Lâun des courriers de Ă Laurent Bourdelas, oĂč il lui Ă©crit en post-scriptum que tous deux ont en commun dâĂȘtre allĂ©s en cure Ă La Bourboule Georges-Emmanuel Clancier, Le temps dâapprendre Ă vivre MĂ©moires 1935-1947, Albin Michel, 2016 Avec ce nouveau volume de ses MĂ©moires, lâĂ©crivain limousin Georges-Emmanuel Clancier, nĂ© en 1914 LâEternitĂ© plus un jour », pour reprendre le titre dâun roman paru en 1969, offre un ouvrage fort bien Ă©crit et capital pour ceux qui sâintĂ©ressent Ă la vie et Ă lâĆuvre du poĂšte et romancier â qui nous propose ici des clefs pour comprendre lâĂ©laboration de ses poĂšmes et romans â, mais aussi au Limousin et Ă Limoges Ă cette Ă©poque â et il apporte des informations passionnantes â, Ă la RĂ©sistance littĂ©raire », Ă lâhistoire des revues â ici avec Les Cahiers du Sud, Fontaine puis Centres, fondĂ©e avec Robert Margerit et RenĂ© Rougerie. AprĂšs avoir traversĂ© le XXĂšme siĂšcle avec ses espoirs et surtout ses tragĂ©dies, lâauteur du Pain noir a Ă©prouvĂ© le besoin de rĂ©diger ces feuillets autobiographiques qui forment un livre de 550 pages dont le titre reprend un vers dâAragon, quâil croisa Ă diverses reprises Le temps dâapprendre Ă vivre, il est dĂ©jĂ trop tard. La premiĂšre chose que dut apprendre le jeune homme, câest Ă vaincre ses lĂ©sions pulmonaires, qui lâempĂȘchent dâachever ses Ă©tudes au lycĂ©e de Limoges, oĂč des professeurs lui ont donnĂ© le goĂ»t de la poĂ©sie, quâil commence Ă Ă©crire lui-mĂȘme au dĂ©but des annĂ©es 1930. A propos de cette Ă©poque, il Ă©crit Durant ces quatre ou cinq annĂ©es depuis 1930-1931, je pourrais dire que pour moi vivre sâĂ©tait quasiment identifiĂ© Ă livre. » Ce ne sont alors que dĂ©vorations de livres romans, poĂšmes, essais, qui contaminent » jusquâĂ son entourage familial. Clancier appartient Ă cette Ă©trange cohorte dâĂ©crivains et poĂštes passĂ©s par la montagne magique â comme Eluard et Gala, pour ne citer quâeux. Peut-ĂȘtre leur faut-il encore plus de souffle pour Ă©chapper Ă la maladie â de souffle poĂ©tique et littĂ©raire ? Comme le note Clancier, il faut vaincre les forces de mort en soi au moment oĂč elles obscurcissent lâHistoire depuis 1932, les nazis ont gagnĂ© les Ă©lections lĂ©gislatives en Allemagne, depuis 1936, de lâautre cĂŽtĂ© des PyrĂ©nĂ©es, Franco fait la guerre aux RĂ©publicains et, en Italie, Mussolini est au pouvoir. Car ce rĂ©cit est avant tout celui de la vision de la guerre mondiale imposĂ©e par le nazisme au Monde, avec ses lĂ©gions dâatrocitĂ©s, de la destruction systĂ©matique des Juifs dâEurope Ă celle des civils japonais dâHiroshima et Nagasaki ou mĂȘme ceux de Royan. Mais, malgrĂ© ces Ă©vĂšnements apocalyptiques parfois annoncĂ©s » par des poĂšmes prĂ©monitoires, Le temps dâapprendre Ă vivre est aussi celui dâespĂ©rer en poĂ©sie, dâaimer Anne Marie Yvonne Ă©tudiante en mĂ©decine rencontrĂ©e en 1935 Ă©pousĂ©e en 1939 et de devenir pĂšre â de Juliette, dâabord, de Sylvestre ensuite. DĂšs le dĂ©but du livre, un Ă©pisode met en lumiĂšre lâune des ambiguĂŻtĂ©s du temps Clancier croise une rĂ©publicaine espagnole dans le train, qui lui lance Oui, vous, votre jeunesse se prĂ©occupe de littĂ©rature pendant que nous nous battons⊠Vous ne voyez pas que nous combattons pour vous aussi, lĂ -bas ? pour que, demain, vous puissiez continuer Ă lire, Ă vivre, libres ?⊠Et pourtant, si jamais nous Ă©tions vaincus, ce serait votre tour⊠», avant de proclamer No pasaran ! » Bien entendu, la militante a raison ; comme les jeunes qui sâintĂ©ressaient Ă la littĂ©rature aussi. Clancier est lâincarnation de la rĂ©sistance par les lettres, lorsquâil sâagit â au risque dâĂȘtre arrĂȘtĂ© et, peut-ĂȘtre, dĂ©portĂ© â de faire passer des textes de poĂštes et Ă©crivains de France mĂ©tropolitaine vers Tanger, oĂč sâest repliĂ©e la rĂ©daction de la revue rĂ©sistante Fontaine, animĂ©e par Max-Pol Fouchet. La rĂ©sistance littĂ©raire, la force des mots dâAragon ou du LibertĂ© de Paul Eluard, parachutĂ©s avec les armes, participe de la rĂ©sistance en gĂ©nĂ©ral, celle de De Gaulle et de Jean Moulin, celle de Georges Guingouin, le prĂ©fet du maquis » limousin dont Clancier Ă©voque la mĂ©moire, celle aussi des faux-papiers et des actes administratifs protecteurs quâaccomplit Ă©galement Georges-Emmanuel Clancier en truquant des listes professionnelles pour protĂ©ger des boulangers qui nâen sont peut-ĂȘtre pas ou en accueillant dans son service le frĂšre de Jean Blanzat pour le faire Ă©chapper au Sâil Ă©claire de façon complĂ©mentaire Ă ce que lâon savait par ailleurs de la vie Ă Limoges et en Limousin sous lâOccupation â jusquâau terrible massacre dâOradour-sur-Glane dont Clancier aurait pu ĂȘtre victime et aux scĂšnes sauvages de lâEpuration mĂȘlant Ă©trangement beautĂ© et obscĂ©nitĂ© lorsquâil sâagit de fusiller une jeune fille nue sous sa robe lĂ©gĂšre â, sâil est ponctuĂ© de moments suspendus » presque en dehors du conflit lors dâĂ©chappĂ©es familiales ou littĂ©raires, comme dans une ferme du cĂŽtĂ© de La Croisille-sur-Briance oĂč il convient de se mettre Ă lâabri, sâil Ă©voque aussi la famille Clancier â des grands-parents de lâauteur jusquâĂ sa sĆur et ses enfants â, Le temps dâapprendre Ă vivre propose aussi une magnifique galerie de poĂštes et Ă©crivains que frĂ©quente lâauteur devenu poĂšte reconnu ». Câest quâil est vite accueilli par la revue Les Cahiers du Sud de Jean Ballard, grande revue intellectuelle et littĂ©raire. Le rĂ©cit commence dâailleurs par les rencontres culturelles quâorganisent Clancier et ses jeunes amis Ă Limoges avant-guerre, constituĂ©s en amis de la culture ». On voit fourmiller dans la capitale de la porcelaine tout un petit monde intellectuel et culturel, avec par exemple Georges Blampied, conservateur de la bibliothĂšque de lâUnion des coopĂ©rateurs, ou Marc Labatut, jeune professeur dâespagnol, jusquâau salon dâune Haviland fĂ©rue de théùtre. Certains Ă©crivent, comme François Dornic, jeune enseignant breton, dâautres vivent en poĂ©sie, comme le postier rimbaldien Alexandre Dumas. On croise encore lâun des critiques et auteurs limougeauds dâalors, Raymond dâEtiveaud, ou le peintre EugĂšne Alluaud, disciple de Guillaumin â lâune des scĂšnes amusantes du livre. Et puis lâon rencontre tour Ă tour JoĂ« Bousquet vers la sombre ruelle duquel Clancier part en pĂšlerinage Ă Carcassonne, Jean Blanzat â rĂ©sistant et Ă©crivain dâorigine limousine parfois oubliĂ©, malheureusement â, Aragon, RenĂ© Daumal, Queneau rĂ©fugiĂ© en Haute-Vienne oĂč il parcourt la campagne en se faisant passer pour un voyant auprĂšs des paysannes afin de rĂ©cupĂ©rer un peu de nourritureâŠ, Michel Leiris, Ă©galement rĂ©fugiĂ© en Limousin, comme Kanhweiler le cĂ©lĂšbre marchand dâart, Claude Roy, Pierre Seghers, Pierre Emmanuel, Max-Pol Fouchet, Marc Bernard, prix Goncourt 1942, et son Ă©pouse Else Reichmann, juive autrichienne, Jacques PrĂ©vert, Sartre et Beauvoir,le photographe Izis Bidermanas, et beaucoup dâautres, parmi lesquels des Limousins de grand talent, comme lâĂ©crivain, peintre et journaliste Robert Margerit â qui semble vouloir vivre hors du temps â, le peintre Elie Lascaux ou lâĂ©crivain Robert Giraud â auteur du Vin des rues. Clancier, qui Ă©volue entre Limousin et Paris, brosse donc le tableau dâune vie littĂ©raire et artistique en des temps plus que dangereux. Clancier Ă©voque Ă©galement les premiers balbutiements de Radio-Limoges dont il est lâun des artisans aprĂšs-guerre, et son entrĂ©e comme grand reporter » au populaire du Centre, livrant mĂȘme dans ce livre le texte de ses entretiens avec les Ă©crivains Pham Van Ky â Annamite â, LĂ©opold SĂ©dar Sengor â SĂ©nĂ©galais â et Jean Amrouche â BerbĂšre. Câest une rĂ©flexion sur la crĂ©ation francophone â avant mĂȘme que ce mot soit Ă la mode. Ce que lâon voit aussi Ă travers ces MĂ©moires, câest la naissance et lâaffirmation dâun vrai poĂšte et Ă©crivain, qui nous raconte mĂȘme le processus de sa crĂ©ation, par exemple lâĂ©criture dâun poĂšme inspirĂ© par la rencontre avec une jeune vachĂšre dans la campagne limousine ou lâorigine du titre Le Pain noir pour sa cĂ©lĂšbre saga. Il raconte comment se construit une Ćuvre importante, nourrie par les sensations quotidiennes et lâHistoire. Il tĂ©moigne Ă©galement dâun humanisme constant, qui justifie lâengagement, Ă©clairĂ© par les trois valeurs essentielles Ă ne pas oublier en cette Ă©poque sombre LibertĂ© EgalitĂ© FraternitĂ© », qui sont celles de la RĂ©publique, quâil partage aussi bien avec les Ă©crivains rĂ©sistants, les maquisards du plateau limousin ou un jeune instituteur croisĂ© dans un bourg rural. Sans jamais ĂȘtre dupe de ceux qui voudraient les anĂ©antir, de PĂ©tain aux staliniens de la guerre froide » ou aux dĂ©fenseurs du colonialisme. Debout, toujours, camusien, finalement. Joseph Rouffanche chez lui, 2001 c L. Bourdelas Rouffanche â Clancier Du pays et de lâexil communication prononcĂ©e par Laurent Bourdelas le jeudi 11 avril 2013 Ă la BFM de Limoges lors du colloque Le Limousin et ses horizons dans lâoeuvre de Georges-Emmanuel Clancier » Je voudrais dire, au dĂ©but de cette communication, combien je suis reconnaissant Ă ceux qui mâont invitĂ© Ă la faire, et combien je me rĂ©jouis de cet hommage de la Bfm de Limoges Ă Georges-Emmanuel Clancier, enfant du pays. Lorsque Le Pain noir fut diffusĂ© Ă la tĂ©lĂ©vision, jâavais pour camarade de classe AgnĂšs Clancier, petite niĂšce de lâĂ©crivain, avec qui jâai partagĂ© les bancs du LycĂ©e Gay-Lussac et qui est devenue par la suite diplomate et romanciĂšre. En 2003, Georges-Emmanuel avait bien voulu, aussi, prĂ©facer mon exposition de photographies consacrĂ©e Ă notre rue commune dâenfance la route dâAmbazac pour lui, devenue plus tard la rue Aristide Briand pour moi, dans le quartier de la gare des BĂ©nĂ©dictins Ă Limoges â je prĂ©cise quâil fait partie des Ă©crivains limousins reconnus et installĂ©s Ă Paris, comme Pierre Bergounioux, qui demeurent attentifs aux auteurs demeurant au pays ». En 2008, jâavais donnĂ© pour titre Ă lâun de mes livres, consacrĂ© Ă la littĂ©rature du Limousin Du pays et de lâexil[1] ; il me semble que cette expression sâapplique Ă merveille aux poĂštes Joseph Rouffanche et Georges-Emmanuel Clancier ; câest pourquoi jâai choisi dâen faire aussi le titre de cette intervention. Je vais proposer ici une Ă©bauche dâĂ©tude â qui mĂ©riterait dâĂȘtre dĂ©veloppĂ©e â de ce qui a rapprochĂ© les deux hommes, mais aussi de ce qui diffĂšre entre eux dans leur parcours, Ă©tudier quel accueil leur fut rĂ©servĂ© comme poĂštes en Limousin, esquisser une premiĂšre analyse du regard quâils portent sur lâĆuvre de lâautre et conclure en essayant de dire en quoi leur poĂ©sie se rejoint ou sâĂ©loigne. Observons en parallĂšle, pour commencer, le parcours personnel des deux hommes. Clancier naĂźt en 1914 Ă Limoges, dans une famille limousine de paysans, dâartisans et dâouvriers porcelainier, originaires de ChĂąlus et Saint-Yrieix-La-Perche. Le pĂšre est agent commercial, aprĂšs avoir Ă©tĂ© officier pendant la guerre. De 1919 Ă 1931, il fait ses Ă©tudes au LycĂ©e Gay-Lussac Ă Limoges, comme boursier de lâEtat. Câest Ă lâĂąge de seize ans quâil dĂ©couvre la poĂ©sie â grĂące Ă quelques professeurs et Ă un rĂ©pĂ©titeur normalien qui fait lire aux Ă©lĂšves Verlaine, Rimbaud ou Baudelaire[2] â et se met Ă en Ă©crire, ainsi que de la prose. En classe de philosophie, la maladie interrompt ses Ă©tudes. Rouffanche est son cadet de huit ans, puisquâil naĂźt en 1922 Ă Bujaleuf, dans une famille de paysans et dâartisans. Son pĂšre est gendarme puis secrĂ©taire de mairie. Il est Ă©lĂšve Ă lâ de Saint-LĂ©onard-de-Noblat, lui aussi comme boursier de lâEtat. Il est ensuite Ă©lĂšve-instituteur au LycĂ©e Gay-Lussac, puis Ă lâEcole Normale dâInstituteurs de Limoges. Clancier se marie en 1939 avec Anne et vit Ă Paris oĂč sa femme prĂ©pare lâinternat des hĂŽpitaux psychiatriques. Rouffanche Ă©pouse Yolande, institutrice, en 1948. Ils vivent en Limousin. Lorsque la guerre Ă©clate, Georges-Emmanuel a 25 ans, Joseph 17. On connaĂźt bien le parcours de Clancier durant celle-ci, Ă la fois ses Ă©tudes de lettres Ă Poitiers et Toulouse, ses rencontres avec divers auteurs et sa participation au comitĂ© de rĂ©daction de la revue Fontaine, dirigĂ©e par Max-Pol Fouchet, qui publie Ă Alger les textes des Ă©crivains de la RĂ©sistance â parmi lesquels Eluard â quâil lui transmet clandestinement. Fontaine sâimpose comme le porte-parole de la rĂ©sistance intellectuelle » selon Louis Parrot, aux cĂŽtĂ©s de PoĂ©sie 40 puis de Confluences. En janvier 2012, dernier reprĂ©sentant vivant de la RĂ©sistance poĂ©tique, Clancier a tĂ©moignĂ© sur France Culture Ă propos de cette Ă©popĂ©e bombardements sur le maquis par la Royal Air Force des numĂ©ros de Fontaine avec les armes et les vivres, Rencontre de Lourmarin 1941 entre Ă©crivains de la rĂ©sistance, dĂ©bats passionnĂ©s entre tenants dâune poĂ©sie de guerre et partisans dâune poĂ©sie qui nâa de cesse de chanter, mĂȘme sous les coups, dĂ©bat, encore, autour du numĂ©ro de Fontaine consacrĂ© Ă La poĂ©sie comme exercice spirituel », livrĂ© en pleine occupation allemande⊠»[3]. Si, comme je lâai montrĂ©[4], les deux guerres mondiales sont Ă©voquĂ©es dans lâĆuvre de Rouffanche, le jeune homme quâil Ă©tait alors ne sâest pas engagĂ©, dâune maniĂšre ou dâune autre, durant le deuxiĂšme conflit mondial. AprĂšs la guerre, Georges-Emmanuel Clancier est chargĂ© des programmes de Radio-Limoges, travaille au Populaire du Centre, fonde avec Rougerie et Margerit la revue Centres, puis sâinstalle Ă Paris en 1955 oĂč il devient secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des comitĂ©s de programmes de la Radio TĂ©lĂ©vision Française. Sa carriĂšre dâĂ©crivain est par ailleurs lancĂ©e en 1970, il reçoit le prix des Libraires pour LâĂ©ternitĂ© plus un jour, reçoit lâannĂ©e suivante le Grand Prix de lâAcadĂ©mie Française puis, en 1974, Serge Moati rĂ©alise Le Pain noir. En 1992, il reçoit le Goncourt de la poĂ©sie pour Passagers du temps. Je mâarrĂȘte lĂ cet itinĂ©raire littĂ©raire est bien connu. Joseph Rouffanche, quant Ă lui, devient professeur certifiĂ© de Lettres modernes ; au collĂšge de Chasseneuil dans les annĂ©es 1950, Ă Cognac, puis, Ă partir de 1961, successivement aux LycĂ©es Gay-Lussac et Auguste Renoir Ă Limoges, jusquâĂ sa retraite en 1982. Il participe aux comitĂ©s de rĂ©daction des revues Sources, de Gilles Fournel, Promesse puis de Jean-Claude Valin, rejoint la revue Friches de Jean-Pierre Thuillat en 1983, devient le compagnon de route » des revues Analogie puis LâIndicible frontiĂšre que jâai eu le plaisir de diriger entre 1985 et 2007. En 1985, il soutient Ă Paris X â Nanterre une thĂšse de doctorat dâEtat Ă propos de Jean Follain. Contrairement Ă Georges-Emmanuel Clancier, il nâĂ©crit que de la poĂ©sie, publiĂ©e chez divers Ă©diteurs, parmi lesquels Seghers et Rougerie. En 1951, Debresse publie son premier recueil, Les Rives Blanches. En 1958, son recueil ElĂ©gies limousines reçoit le Prix Saint-Pol-Roux ; en 1962, le Prix Anne Van-Qui pour Dans la boule de gui. Dans le jury de ce prix dotĂ© dâun million dâanciens francs Georges-Emmanuel Clancier, qui Ă©crit Ă son sujet dans Le Populaire du Centre du 23 juin 1962 âŠnous avons eu la joie de dĂ©cerner le Prix [âŠ] Ă Joseph Rouffanche, ce poĂšte limousin dont le talent plein de fraĂźcheur et de musique est bien digne du pays de Bernart de Ventadour et de Giraudoux. »[5] Philippe Soupault â Ă©galement membre du jury â sâexclame alors Rouffanche, un nom quâon nâoubliera pas. »[6] En 1984, Rouffanche obtient le Prix MallarmĂ© pour son anthologie OĂč va la mort des jours. Clancier Ă©tait membre de lâAcadĂ©mie MallarmĂ© depuis 1978. Cette mise en parallĂšle pour montrer que dĂšs les annĂ©es 1930, et surtout aprĂšs la guerre, Clancier fut dans un rĂ©seau que lâon pourrait qualifier trivialement de porteur » amical, parisien et mĂ©diatique, devenant dâailleurs en 1976 prĂ©sident du Pen-Club français ou, quatre ans plus tard, vice-prĂ©sident de la commission française pour lâUNESCO. Rouffanche demeurant â par choix sans doute â en Limousin, certes correspondant avec diverses personnalitĂ©s saluant son Ćuvre, comme Gaston Bachelard, Jean Cassou, Robert Sabatier ou AndrĂ© Beucler, mais ceci Ă distance. Et si Rouffanche est publiĂ© par RenĂ© Rougerie â Ă©diteur prestigieux et Limousin â, Clancier poĂšte lâest, Ă partir de 1960, par le Mercure de France puis par Gallimard. Si on regarde maintenant le sort rĂ©servĂ© aux deux poĂštes en Limousin ou par des Limousins â hormis, pour Clancier, ce moment fort de communion rĂ©gionale autour de lâadaptation du Pain noir par Serge Moati en 1974 â, il y a bien sĂ»r la publication du Journal parlĂ© de Clancier par Rougerie en 1949 RenĂ© en publiera deux autres, en 1952 et 1995, Rouffanche voyant son Deuil et luxe du cĆur paraĂźtre chez le mĂȘme Ă©diteur en 1956, puis quatre autres en 1965, 1988, 2000 et 2004. Il faut attendre la publication dâun numĂ©ro spĂ©cial de la revue PoĂ©sie 1, Ă lâautomne 1980, pour quâun hommage soit rendu, grĂące Ă Jean-Pierre Thuillat qui collecte les textes et rĂ©dige lâintroduction, Ă neuf poĂštes limousins contemporains, parmi lesquels Clancier et Rouffanche, placĂ©s dans une partie intitulĂ©e Permanence du lyrisme ». Thuillat qualifie le premier dâ exilĂ© fidĂšle » et lui consacre dix pages, dont la prĂ©sentation, un portrait photographique et divers textes dont aucun nâest inĂ©dit. Rouffanche a droit Ă huit pages avec trois inĂ©dits. En 1984, Clancier est au sommaire du n°5 de la revue Friches fondĂ©e par le mĂȘme Thuillat. Rouffanche est pour sa part publiĂ© dans le numĂ©ro 7/8 puis dans le n°36, comme grande voix contemporaine ». Vient ensuite, en 1997, lâanthologie de Joseph Rouffanche finalement publiĂ©e â aprĂšs onze annĂ©es de gestation dont je ferai prochainement lâhistorique â par Les Cahiers de PoĂ©sie Verte de Jean-Pierre Thuillat 12 poĂštes, 12 voixes, une anthologie critique prĂ©cĂ©dĂ©e dâun essai pessimiste Ă propos de la poĂ©sie intitulĂ© Une crise profonde. Les auteurs ici honorĂ©s sont â par ordre alphabĂ©tique â Blot, moi-mĂȘme, Clancier, Courtaud, Delpastre, Laborie, Lacouchie, Lavaur, Mazeaufroid, Peurot, Rouffanche â le poĂšte se consacrant 64 pages Ă la troisiĂšme personne, ce qui fut diversement apprĂ©ciĂ© par la critique, par exemple Le Matricule des Anges[7], seules 39 pages Ă©tant rĂ©digĂ©es Ă propos de Clancier. Je reviendrai plus loin sur le regard de Rouffanche Ă propos de la poĂ©sie de Clancier. Le dernier poĂšte abordĂ© dans le livre Ă©tant Thuillat. On peut noter Ă©galement la participation, Ă partir de 1992, de Georges-Emmanuel Clancier Ă la revue des Amis de Robert Margerit dont il a Ă©tĂ© fondateur lâannĂ©e dâavant avec Suzanne Margerit; dans son numĂ©ro 3, en 1999, la journaliste Danielle Dordet publie un entretien avec Clancier Ă propos de Margerit. En 2000, le numĂ©ro 4 Ă©voque les souvenirs de jeunesse des deux Ă©crivains, puis lâon retrouve Georges-Emmanuel Clancier au sommaire dâautres volumes, en particulier en 2004 comme poĂšte Ă©tudiĂ© par AdelaĂŻde Russo, de lâUniversitĂ© de Baton Rouge en Louisiane. Ce nâest quâen 2007 que les Cahiers Robert Margerit sâintĂ©ressent Ă Rouffanche, avec un texte de Maryse Malabout. Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, il faut dâailleurs noter que les goĂ»ts de cette publication en matiĂšre de poĂ©sie sont plutĂŽt classiques » â le seul autre poĂšte que lâon retrouve en dehors de Clancier et Rouffanche Ă avoir Ă©tĂ© saluĂ© par ce dernier dans son anthologie Ă©tant, dans le n° 14, de 2010, Alain Lacouchie, nĂ© en 1946. En 2008, le Centre rĂ©gional du livre du Limousin publie un Guide de balades littĂ©raires en Limousin â entre littĂ©rature et tourisme â qui propose notamment une promenade Ă travers les lieux de Clancier dans la rĂ©gion. En 2008 paraĂźt mon ouvrage aux Ardents Editeurs, oĂč je consacre une notice Ă ceux qui Ă©crivent dans la famille Clancier Georges-Emmanuel, Anne, Sylvestre, Jacqueline, Juliette et AgnĂšs â ce qui me vaut dâailleurs une belle lettre de remerciement de Georges-Emmanuel et une de Robert Laucournet, alors prĂ©sident des Amis de Robert Margerit â et je propose une autre notice consacrĂ©e Ă Rouffanche, que je range parmi les poĂštes oiseleurs ». Un an plus tard, les Editions Alexandrines proposent une Balade en Limousin sur les pas des Ă©crivains, coordonnĂ©e par le journaliste et poĂšte Georges ChĂątain et prĂ©facĂ©e par Claude Duneton. Cette fois, câest le bibliothĂ©caire et poĂšte bellachon Pierre Bacle â lui-mĂȘme publiĂ© par Rougerie â qui rend hommage Ă Clancier et Jean-Pierre Thuillat Ă Joseph Rouffanche â dont je livre pour ma part un portrait photographique devant les roses de son jardin Ă Landouge. Pierre Bacle note Ă cette occasion avec justesse que câest peut-ĂȘtre finalement sous sa forme lyrique que lâidentitĂ© limousine de Georges-Emmanuel Clancier sâexprime avec le plus de force. »[8] Dans son analyse de lâĆuvre de Rouffanche, Thuillat montre que le Limousin du poĂšte nâest pas celui, viscĂ©ral et charnel, dâune Marcelle Delpastre ou dâun Georges-Emmanuel Clancier [âŠ] Chez Rouffanche, nous sommes dans un pays en grande partie intĂ©riorisĂ©. »[9] En ce qui concerne les manifestations et hommages en Limousin, en 1966, le Centre Théùtral du Limousin organisa une lecture-spectacle dâĆuvres de Rouffanche, et le recueil La Vie sans couronne fut prĂ©sentĂ© chez RenĂ© Rougerie rue des Sapeurs Ă Limoges. En 1989, Laurent Chassain, du ChĆur contemporain de Limoges, mit en musique un poĂšme de Rouffanche Ă la crypte des jĂ©suites de la ville, puis Michel Bruzat, ancien Ă©lĂšve de Joseph au LycĂ©e Gay-Lussac, mit en scĂšne dans son théùtre de La Passerelle plusieurs textes sous le titre La cicatrice ne sait plus chanter. En 1991, jâorganisai Ă la librairie Anecdotes de Limoges une rencontre autour de Joseph Rouffanche dans le cadre du festival des francophonies Ă lâoccasion de la publication par Analogie du mĂ©moire universitaire de RĂ©gine Foloppe consacrĂ© Ă lâĂ©merveillement dans lâĆuvre du poĂšte[10] et câest en avril 1999 que se tint un premier colloque universitaire consacrĂ© Ă Joseph Rouffanche, mais Ă la BibliothĂšque de Bordeaux, grĂące Ă GĂ©rard Peylet, professeur Ă lâuniversitĂ© de Bordeaux III. Trois autres ont suivi, le premier accueilli Ă lâUniversitĂ© de Limoges, consacrĂ© Ă Lâhorizon poĂ©tique de Joseph Rouffanche »[11], sâĂ©tant tenu en juin 2011, sans toutefois la participation dâuniversitaires locaux comme intervenants. Les Amis de Robert Margerit ont pour leur part organisĂ© des lectures dâextraits dâĆuvres de Georges-Emmanuel Clancier et une soirĂ©e Georges-Emmanuel Clancier et Robert Margerit une amitiĂ© indĂ©fectible le vendredi 2 dĂ©cembre 2011 Ă lâauditorium dâIsle. Le samedi 25 mars 2000, dans le cadre du Printemps des poĂštes et en lien avec les Cahiers de PoĂ©sie Verte et la revue Friches, une soirĂ©e, qui rĂ©unit un public nombreux â dont Bernard NoĂ«l et Guy Goffette â, fut organisĂ©e Ă la Bfm de Limoges autour de Joseph Rouffanche et Alain Lacouchie, intitulĂ©e 2 Ćuvres, 2 lectures en regard, pour dĂ©battre du poĂ©tique, accompagnĂ©e par la flĂ»tiste Elina Jeudi. Dans une lettre quâil mâadresse le 12 fĂ©vrier 1987, oĂč il fait le point sur le ComitĂ© dâAction PoĂ©tique quâil prĂ©side et les difficultĂ©s rencontrĂ©es, Joseph Rouffanche Ă©crit Tout Ă©chec de mon association [âŠ] nuit Ă sa crĂ©dibilitĂ© et me nuit personnellement. Clancier se dĂ©commandant la veille de sa rencontre-causerie-lecture pour raison de santĂ© il est vrai, ça me met dans une situation impossible et ça porte un coup trĂšs dur selon moi Ă lâassociation. » Jâen dĂ©duis donc â ce que mâa confirmĂ© Jean-Pierre Thuillat â que le CAP et sans doute la revue Friches avait programmĂ© la venue de Clancier pour une rencontre â ce dont je ne me souvenais pas. En juin 2005, le Centre rĂ©gional du livre en Limousin organisa une Carte blanche Ă Georges-Emmanuel Clancier » dont Olivier Thuillas fut la cheville ouvriĂšre. Ces sept jours en compagnie de lâĂ©crivain et poĂšte furent une occasion unique pour le public de dĂ©couvrir ou redĂ©couvrir son Ćuvre, ses goĂ»ts artistiques et littĂ©raires et les lieux qui lâont inspirĂ©. Rouffanche comme Clancier ont Ă©tĂ© Ă plusieurs reprises invitĂ©s Ă Lire Ă Limoges », Georges-Emmanuel dĂ©clarant, en 2009 Je serai encore le doyen du salon de Limoges ? Jâaimerais plutĂŽt en ĂȘtre le benjamin⊠»[12] A noter que Rouffanche a Ă©tĂ© surtout invitĂ© sur les stands des revues auxquelles il participait. Les deux auteurs ont par ailleurs reçu la mĂ©daille dâhonneur de la Ville de Limoges, Georges-Emmanuel Clancier des mains du maire Alain Rodet, sans doute en 1994, Ă lâoccasion de ses 80 ans, Ă lâissue dâune adaptation du Pain noir au palais municipal des sports de Beaublanc, avec le groupe de musiciens et danseurs traditionnels LâEglantino do Limousi[13]; Joseph Rouffanche en 2009, ici-mĂȘme Ă la Bfm, des mains de Monique Boulestin, alors 1Ăšre adjointe et dĂ©putĂ©e de la Haute-Vienne, Ă lâoccasion de lâhommage que jâai organisĂ© et auquel participĂšrent notamment, devant un public nombreux, soit en prenant la parole, soit en Ă©tant dans la salle RenĂ© et Olivier Rougerie, GĂ©rard Peylet, Michel Bruzat, Paulo Barillier, de la galerie Res ReĂŻ, qui avait accueilli une lecture de Rouffanche en 1988, mais aussi les poĂštes Marie-NoĂ«lle Agniau, GĂ©rard Frugier, Alain Lacouchie, Jean-Luc Peurot ou Jean-Pierre Thuillat. Un adjoint au maire de Bujaleuf, commune natale de Joseph, Ă©tait Ă©galement prĂ©sent. Jâai citĂ© ce quâavait dĂ©clarĂ© Clancier Ă propos du recueil de Rouffanche Dans la boule de gui. Auparavant, Ă lâoccasion de la publication dâElĂ©gies limousines, il avait Ă©crit Ă son compatriote Jâai retrouvĂ© le chant Ă©mouvant de votre poĂ©sie, ce sourire entre joie et douleur qui lâĂ©claire, la prĂ©sence sensible de la nature en particulier de nos riviĂšres, de nos collines. »[14] En 1965, dans le Magazine des Arts, Clancier rend compte de La Vie sans couronne, Ă©ditĂ© par Rougerie ce titre un peu mĂ©lancolique couvre de beaux poĂšmes oĂč nous retrouvons les qualitĂ©s de finesse, de pudeur un peu prĂ©cieuse, de sensibilitĂ© musicienne que nous avons dĂ©jĂ aimĂ©es [âŠ] Des touches lĂ©gĂšres, une rĂ©sonnance parfois verlainienne, un sens du secret, lâalternance dâimpressions naĂŻves ou spontanĂ©es et de paroles Ă©nigmatiques, voilĂ qui donne Ă la poĂ©sie de Joseph Rouffanche son pouvoir discret et sĂ»r. »[15] Ces compliments sont-ils suffisants pour Rouffanche ? Dans lâĂ©tude quâil consacre Ă Clancier dans son anthologie 12 poĂštes, 12 voixes[16], en 1997, il note dâabord quâil sâagit dâune Ćuvre considĂ©rable » avant de se demander dans sa conclusion pour combien compte le poĂšte dans la cĂ©lĂ©britĂ© de lâĂ©crivain Clancier. Des signes toutefois induiraient Ă penser que lâĆuvre poĂ©tique saluĂ©e unanimement par la critique de nombre de poĂštes qui comptent, est largement mĂ©connue, y compris et peut-ĂȘtre surtout en Limousin, le terroir natal. » Rouffanche exprime plus loin un discret regret en Ă©crivant Clancier semble incontestablement un homme de lâamitiĂ©, du moins si lâon sâen rĂ©fĂšre Ă ses essais sur la poĂ©sie et au nombre de dĂ©dicataires de ses poĂšmes [âŠ] On lâaura remarquĂ©, pas un poĂšte de la province natale aimĂ©e. » Rouffanche aurait-il souhaitĂ© en ĂȘtre ? En tout cas, Ă ma connaissance, lui-mĂȘme nâa dĂ©diĂ© aucun de ses poĂšmes Ă Clancier, bien quâil regrette dans son anthologie que les poĂštes limousins dont il parle ne lâaient pas fait non plus, parlant de mĂ©lange de retenues excessives, de nĂ©gligences rĂ©itĂ©rĂ©es [âŠ] sans nĂ©gliger le fossĂ© des gĂ©nĂ©rations. » Dans sa notice Ă propos de Clancier, Rouffanche Ă©crit quâ il faudrait les dimensions dâune thĂšse pour prĂ©tendre rendre compte des richesses de cette Ćuvre considĂ©rable » â rappelons quâil a consacrĂ© la sienne Ă Jean Follain. Clancier lui-mĂȘme a Ă©voquĂ© ce poĂšte dans son essai La poĂ©sie et ses environs[17], oĂč il sâintĂ©resse aussi Ă Hugo, MallarmĂ©, Verlaine, Reverdy, Bousquet, Supervielle, FrĂ©naud, Guillevic, Tardieu, Ponge, Bonnefoy, Jouve et Queneau. Lorsque on lit la thĂšse de Rouffanche, on constate que Clancier y est citĂ© quatre fois la premiĂšre pour Ă©crire quâil relĂšve chez Follain, comme Rouffanche, lâimportance de lâimage fĂ©minine[18] ; les trois autres dans la conclusion, Ă propos surtout du temps, de la mĂ©moire et de la nostalgie. Un mĂȘme intĂ©rĂȘt, et plus encore, donc, chez Clancier et Rouffanche, pour le poĂšte Jean Follain et la maniĂšre de dire ou dâestomper le temps en poĂ©sie. GĂ©rard Peylet a mis en parallĂšle lâĂ©criture du passĂ© et de lâenfance dans les proses de Jean Follain et les poĂšmes de Joseph Rouffanche[19]. Rouffanche cite aussi Follain lorsquâil sâagit dâĂ©voquer la poĂ©sie de Clancier. La mĂ©thode choisie par Rouffanche pour prĂ©senter les auteurs prĂ©sents dans son anthologie consiste en un entremĂȘlement subtil et serrĂ© entre citations de critiques, de lettres, de tĂ©moignages, dâautres poĂštes et commentaires personnels â Elodie Bouygues en a trĂšs bien analysĂ© le propos et le fonctionnement[20]. Il observe que dans les prĂ©cĂ©dentes anthologies de poĂ©sie Ă©crites par Rousselot, Brindeau ou Sabatier, ce sont Clancier et lui qui sont le plus citĂ©s des poĂštes limousins, Georges-Emmanuel se taillant normalement, lĂ©gitimement, la part du lion », pour reprendre son expression. Rouffanche voit en Clancier un poĂšte de lâindignation, de la protestation, de la rĂ©volte, de la nostalgie, de lâardente mĂ©lancolie et de la cĂ©lĂ©bration, grand chantre limousin de lâamour de la femme⊠». En le lisant, il songe aussi Ă Baudelaire, Ă Rilke. Il faut noter que dans cette lecture croisĂ©e Clancier-Rouffanche, Anne Clancier a sa place. En effet, lâĂ©pouse de Georges-Emmanuel, psychanalyste, sâest interrogĂ©e en septembre 2000 Ă propos du mythe personnel » de Joseph Rouffanche, quâelle a cru repĂ©rer dans son poĂšme FantĂŽme Ă la riviĂšre », paru dans Les Rives blanches en 1951[21]. Selon elle, ici serait la matrice de lâĆuvre Ă venir, avec la prĂ©sence des sens, des Ă©lĂ©ments, de la flore et du bestiaire, et surtout celle du temps. Anne Clancier note encore la frĂ©quence de la couleur blanche dans lâĆuvre de Rouffanche, et celle de la neige en particulier â trĂšs bien Ă©tudiĂ©e par ailleurs par JoĂ«lle Ducos[22] -, neige de lâenfance, blanc de la page qui reste Ă Ă©crire. Elle souligne enfin lâimportance dâun mythe du Paradis terrestre Câest un paradis perdu, dont on a la nostalgie, et qui sera recréé dans et par lâĂ©criture. » Il convient enfin de remarquer que jamais â sauf erreur de ma part â, dans les actes des quatre colloques consacrĂ©s Ă Joseph Rouffanche, les diffĂ©rents intervenants â qui citent nombre de poĂštes et mĂȘme de philosophes â nâĂ©tablissent de parallĂšle avec la poĂ©sie de Georges-Emmanuel Clancier, mĂȘme si, bien sĂ»r, on pourrait sans doute trouver des convergences. Jâai toutefois fait briĂšvement exception dans ma communication sur le bestiaire de Rouffanche en Ă©voquant des textes de Clancier sur la pĂȘche et les couleuvres[23]. Jâai dĂ©jĂ Ă©voquĂ© lâimportance capitale â bien Ă©tudiĂ©e par ailleurs â du temps, de la mĂ©moire et, sans doute, dâune certaine nostalgie â commune aux deux poĂštes Clancier parlant de nostalgie qui fascine. Dans les deux cas, donc, prĂ©sence de lâenfance, lâun des thĂšmes trĂšs prĂ©sent dans le reste de lâĆuvre de Clancier Ă travers ses romans et ses rĂ©cits autobiographiques dans Le paysan cĂ©leste enfance rejaillie ». Enfance et jeunesse oĂč la guerre est bien sĂ»r prĂ©sente, peut-ĂȘtre dâautant plus chez Clancier, en raison de son Ăąge. Chez Clancier, indignation et rĂ©volte, dĂ©nonciation de La guerre faite Ă lâhomme/Par la bĂȘte Ă tĂȘte dâhomme » dans Oscillante Parole 1978. Selon Rouffanche, Clancier est un humaniste, un ĂȘtre fraternel sans frontiĂšres, par nature et par mission, laquelle semble bien procĂ©der dâune vocation. DâoĂč sa commisĂ©ration pour les humbles, les exploitĂ©s [âŠ] les mĂ©prisĂ©s, souvent innocentes et nobles victimes sans nom. » Une thĂ©matique quâon ne retrouve pas, Ă mon avis, chez Rouffanche. PrĂ©sence, en revanche, chez les deux poĂštes, de la femme, toute promesse et offrande, clef dâaccord et dâharmonie, territoire prĂ©fĂ©rĂ© du songe » toujours selon Rouffanche parlant de Clancier, qui voit en lui lâun de nos poĂštes majeurs de lâamour ». Femme rĂ©elle et femme-poĂ©sie â peut-ĂȘtre plus encore chez Rouffanche que chez Clancier. Et, bien sĂ»r, chez les deux poĂštes, inspirations limousines â parfois nourries de souvenirs mĂ©diĂ©vaux, jusque dans les rĂ©fĂ©rences communes au Trobar Clus â, mais ouvertes sur lâuniversel Clancier Ă©crit Jâai touchĂ© terre oĂč surgit le monde ». Jâai citĂ© Thuillat qui parle Ă propos de Rouffanche dâun pays en grande partie intĂ©riorisĂ© », il prĂ©cise mĂȘme hautement rĂ©inventĂ© ». Selon Pierre Bacle, il semble que le sentiment fort dâunitĂ© qui se dĂ©gage de lâĆuvre plurielle de Georges-Emmanuel Clancier provienne de cet enracinement profond au pays qui, prĂ©cisĂ©ment, autorise toutes les aventures dans le monde comme dans lâĂ©criture »[24]. Si le colloque Rouffanche de 2000 avait pour titre un poĂšte entre terre et ciel », nâoublions pas que dĂšs 1943, un recueil de Clancier sâappelle Le paysan cĂ©leste. Et dans ses poĂšmes[25], un paysage, un univers limousin est prĂ©sent tout au long de lâĆuvre, dont je cite volontairement des mots revenant plus ou moins souvent au fil des recueils collines, oiseau des forĂȘts, chevaux, chemins, herbe des lisiĂšres, prairie, landes, serpents, neige, fleurs des champs, eau vive, feuillardiers, bergĂšres, labours, villages, forĂȘts, terre, parfums de campagne, gel, aubĂ©pine, pĂąquerettes, pies et poules, pommes, fontaines, sources, riviĂšres et vallĂ©es, lacs, campanules, boutons dâor, vaches et taureaux, grenouille, bourdons, roc, granit, bruyĂšre, rives, peupliers, mousse, humus, noisetier et hĂȘtre, caves et granges, blĂ©s, Ă©cureuils, vignes, fourrĂ©, blĂ©, grains et ivraie, loup, bĆufs, abbayes, vergers et jardins, lilas, Ă©colier de Bellac, chĂątaigniers, laines â je mâarrĂȘte lĂ . Univers limousin consacrĂ© aussi dans les Nouveaux poĂšmes du Pain noir, oĂč il est question dâun pays de douceur et de majestĂ©. » Ailleurs, Clancier Ă©voquant une province fabuleuse doucement mesurĂ©e dâailes. » Mais aussi univers industriel, avec lâouvrier de la porcelaine, ou, lorsquâil parle de cette route dâAmbazac que nous avons en partage ce faubourg noir de charbon au long des rails ». Eden de lâenfance mais aussi univers idĂ©al troublĂ© par le surgissement de la barbarie, par exemple Ă Oradour-sur-Glane. Je ne referai pas le mĂȘme exercice pour Rouffanche, mais il donnerait le mĂȘme rĂ©sultat Eden naturel de lâenfance pour nourrir la poĂ©sie. Dans un cas comme dans lâautre, sans doute, Terre-MĂšre oĂč sont dispersĂ©es les cendres de lâenfance. En conclusion de cette premiĂšre Ă©bauche dâĂ©tude comparĂ©e, je voudrais redire combien Georges-Emmanuel Clancier et Joseph Rouffanche sont les deux poĂštes limousins majeurs â lâun de lâexil, lâautre du pays â dâau moins la premiĂšre partie du XXĂšme siĂšcle, que je fais aller jusquâaux annĂ©es 1960 ; sans doute faudrait-il ne pas oublier Marcelle Delpastre. La poĂ©sie des deux se nourrissant dâailleurs de cet univers provincial idyllique de lâenfance, plus tard bouleversĂ© par les guerres. Lâun comme lâautre ont une Ćuvre lyrique puissante et figurent incontestablement â mĂȘme si Rouffanche demeure moins connu nationalement et si câest plus lui qui a les yeux tournĂ©s vers son aĂźnĂ© â parmi les meilleurs reprĂ©sentants de ce style poĂ©tique hĂ©ritĂ© dâailleurs des poĂštes limousins mĂ©diĂ©vaux. Je voudrais dire aussi combien, comme poĂštes et bien sĂ»r comme Ă©crivain pour Clancier, ils ont contribuĂ© aussi Ă la fabrique de lâidentitĂ© rĂ©gionale limousine quâĂ©tudient aujourdâhui les historiens et qui revĂȘt divers aspects. Michel Kiener a montrĂ© comment on avait, en quelque sorte, inventĂ© » le pays limousin entre 1850 et 1950[26], en valorisant par exemple les ruines, rocs, gorges sauvages et cascades, Millevaches Ăąpre et romantique, villes aux relents de Moyen Ăge », puis, plus tard, dans les annĂ©es 80, le petit patrimoine » bonnes fontaines, fours et clĂ©diers, lavoirs, croix de carrefour » â autant dâĂ©lĂ©ments, de lieux, que lâon retrouve dans lâĆuvre des poĂštes Rouffanche et Clancier, sans parler des multiples rĂ©fĂ©rences Ă lâhistoire ancienne ou contemporaine. Pas Ă©tonnant donc que Georges-Emmanuel soit prĂ©sent sur le site touristico-littĂ©raire GĂ©oculture donnant Ă voir le Limousin envisagĂ© par les artistes â avec 11 occurrences â, plus surprenant en revanche que Joseph nây soit pas encore, mais ce nâest plus sans doute quâune question de temps ! Enfin, que lâon me permette dâoser cette proposition Ă propos de mon illustre prĂ©dĂ©cesseur sur les bancs du LycĂ©e Gay-Lussac quâun jour cette belle mĂ©diathĂšque de Limoges porte le nom de Georges-Emmanuel Clancier⊠Laurent Bourdelas Derniers ouvrages parus LâIvresse des rimes Stock, 2011, Prix Jean Carmet, Alan Stivell Editions Le TĂ©lĂ©gramme, 2012. [1] Les Ardents Editeurs, postface de Pierre Bergounioux. [2] A. Mounic, Entretien avec Georges-Emmanuel Clancier, passager du temps », 28 septembre 2008, site [3] Site de lâĂ©mission La Fabrique de lâHistoire », dâEmmanuel Laurentin, sur le site de France culture, 10 janvier 2011. [4] PrĂ©sence de lâhistoire dans lâĆuvre de Joseph Rouffanche », in Lâhorizon poĂ©tique de Joseph Rouffanche direction Elodie Bouygues, PULIM, 2011, p. 30-33. [5] CitĂ© dans J. Rouffanche, 12 poĂštes, 12 voixes, Cahiers de PoĂ©sie Verte, 1997, p. 426. [6] Texte de 4Ăšme de couverture de J. Rouffanche, Dans la boule de gui, Grassin, 1962. [7] 12 poĂštes, 12 voixes, de Joseph Rouffanche », in Le Matricule des Anges, n°23, juin-juillet 1998. [8] Clancier, une prĂ©sence, des Ă©vidences », in Balade en Limousin sur les pas des Ă©crivains, Editions Alexandrines, 2009, [9] Joseph Rouffanche entre terre et ciel », in Balade en LimousinâŠ, p. 247. [10] Joseph Rouffanche », Analogie, n°24/25/26, Limoges, 1991. [11] PULIM direction Elodye Bouygues, 2011. [12] SupplĂ©ment au Populaire du Centre du 3 avril 2009, [13] Je remercie ValĂ©rie Lavefve et Olivier Thuillas pour leurs informations, ma mĂ©moire ayant Ă©tĂ© dĂ©faillante. [14] CitĂ© sur la 4Ăšme de couverture de J. Rouffanche, OĂč va la mort des jours, ORACL â Ă©dition, 1983. [15] Idem, p. 441. [16] p. 153 Ă 176, oĂč nous puisons les citations ou analyses. [17] Gallimard, 1973. [18] J. Rouffanche, Jean Follain et la passion du temps, Rougerie, 2001, p. 289, et, pour les autres rĂ©fĂ©rences p. 465, 473, 477. [19] in Lâhorizon poĂ©tique de Joseph Rouffanche, Pulim, 2011, p. 35. [20] La poĂ©sie comme Ă©tat critique de la langue », in Lâhorizon poĂ©tique de Joseph RouffancheâŠ, p. 61. [21] A. Clancier, A lâorĂ©e de la poĂ©sie Le mythe personnel de Joseph Rouffanche », in Joseph Rouffanche et la poĂ©sie post-surrĂ©aliste un poĂšte entre Terre et Ciel, EidĂŽlon, UniversitĂ© Michel de Montaigne Bordeaux 3, n°56, septembre 2000, p. 179. [22] Mais oĂč sont les neiges dâantan⊠», in Joseph Rouffanche et la poĂ©sie post-surrĂ©alisteâŠ, [23] Le cĆur animal. Bestiaire de Joseph Rouffanche » in Lâespace du cĆur dans lâĆuvre de Joseph Rouffanche, EdidĂŽlon, UniversitĂ© Michel de Montaigne Bordeaux 3, n°76, mars 2007, p. 129. [24] Balade en LimousinâŠ, p. 231. [25] Les poĂšmes citĂ©s sont extraits de Le Paysan cĂ©leste suivi de Notre part dâombre et dâor, PoĂ©sie/Gallimard, 2008. [26] Aux sources de lâAmour Lâinvention du pays limousin 1850-1950 », in Le Limousin, pays et identitĂ©s coll., Pulim, 2006, p. 326 Ă 347.
JeanClaude's favorite articles All articles concerning Jean-Claude. Henri Cartier-Bresson -7 years ago-1 comment Expositions au Centre Georges Pompidou Ă Paris du 12 fĂ©vrier 2014 au 9 juin 2014, de 11h00 Ă 23h00 « Photographier câest mettre sur la mĂȘme ligne de mire la tĂȘte, lâoeil et le coeur » disait Henri Cartier-Bresson. De la fin des annĂ©es 1920 Ă lâorĂ©e du 21e siĂšcle
1En 2013, lors dâune table ronde au Centre Georges-Pompidou de Paris organisĂ©e dans le cadre des commĂ©morations du centenaire de la naissance de Claude Simon, Maylis de Kerangal confessa ses rĂ©ticences de jeune fille face Ă lâĆuvre dâun Ă©crivain quâelle percevait comme celle dâun classique », car elle Ă©tait enseignĂ©e comme telle Ă lâuniversitĂ©. Or, il nâen fut pas toujours ainsi. Loin sâen faut ! Deux Ă©vĂ©nements possĂšdent une importance extrĂȘme dans la prise en compte par les universitaires dâun Ă©crivain qui fut longtemps considĂ©rĂ© comme un second couteau » du Nouveau Roman lâattribution du prix Nobel de littĂ©rature en 1985 et lâinscription au programme de lâagrĂ©gation de lettres de La Route des Flandres en 1998. 2Pressentant peut-ĂȘtre cette reconnaissance du monde des lettres, jâavais inscrit au mois dâoctobre 1985 ce roman au programme du cours de littĂ©rature contemporaine que je dispensais alors en troisiĂšme annĂ©e de licence Ă lâuniversitĂ© Marien Ngouabi de Brazzaville RĂ©publique Populaire du Congo. Ce roman remplaçait La Modification de Michel Butor qui les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes avait constituĂ© le texte de rĂ©fĂ©rence pour lâĂ©tude du Nouveau Roman. Or, une fois maĂźtrisĂ©e la langue du texte », lâintĂ©rĂȘt des Ă©tudiants sâest rĂ©vĂ©lĂ© trĂšs vif Ă lâendroit dâun ouvrage qui traitait de la guerre, de la dĂ©faite, de lâemprisonnement, au travers dâune Ă©criture Ă la fois brute et rigoureusement travaillĂ©e. La modification du trajet impulsĂ© Ă son existence par LĂ©on Delmont lors de son pĂ©riple ferroviaire nâavait prĂ©alablement que peu sollicitĂ© leur attention. Lâerrance des cavaliers dans les paysages dĂ©vastĂ©s par la guerre possĂ©dait selon eux une dimension universelle qui excĂ©dait toute rĂ©fĂ©rence historique et gĂ©ographique prĂ©cise. Et, les lecteurs quâils Ă©taient par ailleurs des livres dâHenri Lopes et de Tchicaya U Tamâsi retrouvaient dans le texte de Simon la mĂȘme Ă©criture fragmentĂ©e, Ă©ruptive et ironique. Cette rĂ©action dĂ©montrait quâau-delĂ de son inscription dans la mouvance du Nouveau Roman, lâĆuvre possĂ©dait une identitĂ© littĂ©raire susceptible de toucher un large public. 3Une autre expĂ©rience dans le contexte universitaire africain mĂ©rite dâĂȘtre ici rapportĂ©e. Ă lâuniversitĂ© de Bujumbura Burundi, afin de rĂ©flĂ©chir sur lâhistoire immĂ©diate du pays Ă travers divers textes de la littĂ©rature française, jâavais construit en 1991 un cours consacrĂ© Ă la reprĂ©sentation de la guerre civile qui comprenait Les Tragiques dâAgrippa dâAubignĂ©, LâEspoir dâAndrĂ© Malraux, Le Palace de Claude Simon et La ParenthĂšse de sang de Sony Labou Tansi. En aoĂ»t 1988, dans les communes de Ntega et Marangara situĂ©es au nord du pays, avait Ă©tĂ© perpĂ©trĂ© un terrible massacre qui sâĂ©tait soldĂ© par la mort de 150 000 Hutus. Il sâagissait donc de comprendre lâincomprĂ©hensible en Ă©tudiant les stratĂ©gies discursives auxquelles recourent les Ćuvres littĂ©raires afin dâexprimer lâineffable. Le texte de Simon prĂ©sentait la difficultĂ© de reprĂ©senter la guerre civile Ă lâintĂ©rieur de la guerre civile, en lâoccurrence les exactions commises par les communistes Ă lâencontre des trotskistes et des anarchistes. NĂ©anmoins, la part dĂ©volue par le roman Ă lâimplicite, au non-dit et surtout au refus de confĂ©rer quelque sens que ce soit Ă lâHistoire constituait selon les Ă©tudiants le langage par excellence de la violence irraisonnĂ©e qui se dĂ©chaĂźne Ă lâoccasion de ces guerres intestines. 4En 1999, Ă lâuniversitĂ© de Provence, dans le programme dâun cours consacrĂ© au roman de guerre, jâavais inscrit LâAcacia, qui, au terme dâun parcours distinguant les textes traitant du premier et du second conflit mondial, les associait sous la forme dâun long rĂ©cit de guerre dont les circonstances historiques nâoccultaient pas le caractĂšre monstrueux que possĂ©dait par et en lui-mĂȘme le phĂ©nomĂšne. Lâinvestissement autobiographique propre au roman intĂ©ressa tout particuliĂšrement les Ă©tudiants qui, contrairement aux autres Ćuvres du corpus, les plaçait en prĂ©sence non dâun combattant, mais dâun homme dont la guerre constitua lâune des Ă©preuves cruciales que lui infligea la vie. ParallĂšlement Ă ce cours destinĂ© aux Ă©tudiants de premiĂšre annĂ©e de licence, un autre enseignement proposĂ© aux Ă©tudiants de deuxiĂšme annĂ©e de licence traitait des reprĂ©sentations romanesques de la jalousie. Parmi les Ćuvres du programme figurait La Bataille de Pharsale. Le motif de la jalousie nâĂ©tant pas ostensible comme il lâest par exemple dans Un amour de Swann ou La PrisonniĂšre, les Ă©tudiants furent profondĂ©ment dĂ©concertĂ©s par la singularitĂ© du texte. La mise en place de la grammaire scripturale Ă laquelle procĂšdent les trois parties du roman leur parut absconse, les enjeux du motif de la jalousie Ă lâintĂ©rieur du tissu textuel leur apparurent incomprĂ©hensibles et son Ă©criture illisible. Ils tĂ©moignĂšrent de leur seul attrait pour la matiĂšre guerriĂšre de la fiction. Que la bataille de Pharsale puisse ĂȘtre une mĂ©taphore de la jalousie les laissa profondĂ©ment sceptiques. 5De 1999 Ă 2017, sous diverses formes, jâai consacrĂ© un cours au roman contemporain, qui chaque fois accordait une importance majeure Ă la mouvance du Nouveau Roman. Jâai dans ce cadre Ă©tudiĂ© en compagnie des Ă©tudiants tour Ă tour les principaux romans de Claude Simon, en mâefforçant de dĂ©montrer que si, indĂ©niablement, lâĆuvre du romancier sâinscrivait dans le cadre spĂ©cifique de ce mouvement esthĂ©tique, elle possĂ©dait tout aussi indubitablement son identitĂ© propre, ce qui autorisait Ă lâapprĂ©hender en dehors de toute rĂ©fĂ©rence collective. Dans le contexte dâun cours, puis dâun sĂ©minaire consacrĂ© au phĂ©nomĂšne contemporain de la réécriture et de lâintertextualitĂ©, nous avons Ă©tudiĂ© la spĂ©cificitĂ© de lâhĂ©ritage proustien inscrite au cĆur de lâĆuvre ainsi que les innombrables insertions hypertextuelles dâĆuvres littĂ©raires et picturales qui Ă©maillent les textes. Câest ainsi que progressivement Claude Simon sâest imposĂ© comme lâun des maillons majeurs au sein du processus qui durant le dernier quart du xxe siĂšcle a conduit le roman du modernisme vers le postmodernisme. Les Ă©tudes successives de LâHerbe, dâHistoire, de Triptyque, des GĂ©orgiques et du Tramway ont convaincu les Ă©tudiants de lâefficience que possĂšde dans son Ćuvre le protocole scriptural quâil a mis en place roman aprĂšs roman pour reprĂ©senter conjointement le moi et le monde, lâhistoire dans lâHistoire, lâacte crĂ©ateur Ă lâintĂ©rieur mĂȘme de la crĂ©ation. 6Lors de lâannĂ©e universitaire 2017-2018, deux romans de Claude Simon figuraient dans des programmes qui ne privilĂ©giaient pas lâun des axes spĂ©cifiques de son Ćuvre. Ainsi, Le Vent Ă©tait analysĂ© selon une approche typologique, la spĂ©cificitĂ© de lâindividu face au corps social et Le Tramway relativement Ă une perspective gĂ©nĂ©rique, celle du rĂ©cit dâenfance. Les stratĂ©gies scripturales du romancier ne reprĂ©sentaient plus lâenjeu de lâĂ©tude, mais, confrontĂ©es Ă celles radicalement diffĂ©rentes dâautres Ă©crivains contemporains, elles rĂ©vĂ©laient leur irrĂ©ductible singularitĂ©, fondatrice dâun univers littĂ©raire Ă nul autre semblable. Aussi, par un effet en soi paradoxal, câest en banalisant » lâĆuvre que je parvins Ă en faire reconnaĂźtre lâinfinie richesse par ces Ă©tudiants de premiĂšre annĂ©e de licence. 7Il nâen demeure pas moins que chaque fois la supposĂ©e difficultĂ© de lâĆuvre simonienne resurgit dans lâesprit des Ă©tudiants au moment oĂč ils se consacrent Ă leurs travaux de recherche. Parfois, lâun me propose de rĂ©diger un mĂ©moire de master sur tel ou tel aspect de cette Ćuvre, mais le projet ne dĂ©passe pas le stade de la vellĂ©itĂ©. Cette annĂ©e encore, un Ă©tudiant en master sâest proposĂ© dâĂ©tudier les reprĂ©sentations de lâĂ©rotisme Ă lâintĂ©rieur de lâĆuvre, en prĂ©cisant quâil avait lâintention de mener sa rĂ©flexion sur le sujet jusquâĂ la thĂšse de doctorat. Il reste Ă souhaiter que lâampleur de la tĂąche ne le conduise pas au dĂ©couragement, que le classicisme » de lâĂ©crivain nâestompe pas lâenthousiasme initial en rĂ©duisant son travail de recherche Ă un fastidieux exercice acadĂ©mique. En attendant, pour la seconde annĂ©e consĂ©cutive, LâAcacia se trouve au programme de littĂ©rature comparĂ©e Ă lâagrĂ©gation de lettres. Nouvelle opportunitĂ© de traiter de lâune des Ćuvres maĂźtresses de lâĂ©crivain face Ă un public qui peut-ĂȘtre le connaĂźt mal. Mais aussi nĂ©cessitĂ© de reconnaĂźtre que dĂ©cidĂ©ment le texte simonien est devenu lâapanage de lâinstitution universitaire. Ainsi, ce qui apparaissait en 1985 puis en 1998 comme lâexpression dâune reconnaissance salutaire peut en 2018 sonner le glas du plaisir du texte, seule garantie valide de la survie dâune Ćuvre. Et, cette annĂ©e, les romans de Claude Simon ne sont prĂ©sents dans aucun de mes programmes de cours. ManiĂšre bien Ă©videmment dâen parler ailleurs et autrement.
aucinéma sur mes écrans. Claude et Georges Pompidou: L'Amour au coeur du pouvoir. Fr. 2012. Documentaire de Pierre Hurel. Durée: 85 min. en savoir plus sur ce film. Régie du classement
Paris - De Bernard Buffet Ă Niki de Saint Phalle, en passant par Miro, Braque, CĂ©sar des oeuvres dâart des plus grands maĂźtres du XXe siĂšcle qui dĂ©coraient lâappartement parisien de Claude et Georges Pompidou seront proposĂ©s pour la premiĂšre fois aux enchĂšres le 2 novembre, a annoncĂ© mercredi la maison Cornette de Saint-Cyr. Mis sur le marchĂ© par la famille, les 180 lots de la vente dont une partie du vestiaire haute couture de lâex-PremiĂšre dame, le tout rĂ©sumant ce couple de collectionneurs Ă©pris dâart contemporain, de design et de mode, ami de nombreux artistes, feront lâobjet dâune exposition publique Ă partir du 29 novembre dans les salons de la maison de vente. Parmi les oeuvres qui proviennent de lâappartement du quai de BĂ©thune, une huile de Bernard Buffet, offerte par lâartiste Ă Claude Pompidou et jamais proposĂ©e Ă la vente, est estimĂ© entre 10 000 et 15 000 euros. Des lithographies de Niki de Saint Phalle et Georges Braque pourraient atteindre 3 000 euros. Des modĂšles haute couture Le catalogue propose aussi des modĂšles haute couture portĂ©s par Claude Pompidou dĂ©cĂ©dĂ©e en 2007, et signĂ©s Cardin, Dior, CourrĂšges, HermĂšs ou Chanel qui habilla lâex-PremiĂšre dame pour lâinvestiture du prĂ©sident Pompidou. âRompant trĂšs vite avec le protocole et la tradition, Claude Pompidou ⊠a introduit au palais de lâĂlysĂ©e un style plus moderne, moins rigide, qui contraste avec lâattitude effacĂ©e dâYvonne de Gaulleâ, rappelle la maison de vente. âDe lâart abstrait et des meubles design font ainsi leur entrĂ©e au palais. Mme Pompidou sâoccupe personnellement de la dĂ©coration des lieuxâ. SignĂ©s du designer Pierre Paulin, la salle Ă manger et le fumoir des appartements privĂ©s de lâElysĂ©e, ont rejoint les collections permanentes du Centre Pompidou. AFP
Georgeset Claude Pompidou Ă Cajarc. Câest Ă lâautomne 1962 que Madame Pompidou vint Ă Cajarc Ă lâinvitation de son amie Madame S. Defforey, sĆur de Françoise Sagan. SĂ©duite par la rĂ©gion et sa lumiĂšre, elle sâemploya Ă convaincre son mari alors Premier Ministre dâacquĂ©rir une propriĂ©tĂ© situĂ©e sur le Causse, une ancienne
A Georges et Claude POMPIDOU âŠSicut et nos dimittimus debitoribus nostris » I. Seigneur JĂ©sus, Ă la fin de ce livre que je Tâoffre comme un ciboire de souffrances Au commencement de la Grande AnnĂ©e, au soleil de Ta paix sur les toits neigeux de Paris - Mais je sais bien que le sang de mes frĂšres rougira de nouveau lâOrient jaune, sur les bords de lâOcĂ©an Pacifique que violent tempĂȘtes et haines Je sais bien que ce sang est la libation printaniĂšre dont les Grands Publicains depuis septante annĂ©es engraissent les terres dâEmpire Seigneur, au pied de cette croix â et ce nâest plus Toi lâarbre de douleur, mais au-dessus de lâAncien et du Nouveau Monde lâAfrique crucifiĂ©e Et son bras droit sâĂ©tend sur mon pays, et son cĂŽtĂ© gauche ombre lâAmĂ©rique Et son cĆur est HaĂŻti cher, HaĂŻti qui osa proclamer lâHomme en face du Tyran Au pied de mon Afrique crucifiĂ©e depuis quatre cents ans et pourtant respirante Laisse-moi Te dire Seigneur, sa priĂšre de paix et de pardon. II. Seigneur Dieu, pardonne Ă lâEurope blanche ! Et il est vrai, Seigneur, que pendant quatre siĂšcles de lumiĂšres elle a jetĂ© la bave et les abois de ses molosses sur mes terres Et les chrĂ©tiens, abjurant Ta lumiĂšre et la mansuĂ©tude de Ton cĆur On Ă©clairĂ© leurs bivouacs avec mes parchemins, torturĂ© mes talbĂ©s, dĂ©portĂ© mes docteurs et mes maĂźtres-de-science. Leur poudre a croulĂ© dans lâĂ©clair la fiertĂ© des tatas et des collines Et leurs boulets ont traversĂ© les reins dâempires vastes comme le jour clair, de la Corne de lâOccident jusquâĂ lâHorizon oriental Et comme des terrains de chasse, ils ont incendiĂ© les bois intangibles, tirant AncĂȘtres et gĂ©nies par leur barbe paisible. Et ils ont fait de leur mystĂšre la distraction dominicale de bourgeois somnambules. Seigneur, pardonne Ă ceux qui ont fait des Askia des maquisards, de mes princes des adjudants De mes domestiques des boys et de mes paysans des salariĂ©s, de mon peuple un peuple de prolĂ©taires. Car il faut bien que Tu pardonnes Ă ceux qui ont donnĂ© la chasse Ă mes enfants comme Ă des Ă©lĂ©phants sauvages. Et ils les ont dressĂ©s Ă coups de chicotte, et ils ont fait dâeux les mains noires de ceux dont les mains Ă©taient blanches. Car il faut bien que Tu oublies ceux qui ont exportĂ© dix millions de mes fils dans les maladreries de leurs navires Qui en ont supprimĂ© deux cents millions. Et ils mâont fait une vieillesse solitaire parmi la forĂȘt de mes nuits et la savane de mes jours. Seigneur la glace de mes yeux sâembue Et voilĂ que le serpent de la haine lĂšve la tĂȘte dans mon cĆur, ce serpent que jâavais cru mort⊠III. Tue-le Seigneur, car il me faut poursuivre mon chemin, et je veux prier singuliĂšrement pour la France. Seigneur, parmi les nations blanches, place la France Ă la droite du PĂšre. Oh ! je sais bien quâelle aussi est lâEurope, quâelle mâa ravi mes enfants comme un brigand du Nord des boeufs, pour engraisser ses terre Ă cannes et coton, car la sueur nĂšgre est fumier. Quâelle aussi a portĂ© la mort et le canon dans mes villages bleus, quâelle a dressĂ© les miens les uns contre les autres comme des chiens se disputant un os Quâelle a traitĂ© les rĂ©sistants de bandits, et crachĂ© sur les tĂȘtes-aux-vastes-desseins. Oui, Seigneur, pardonne Ă la France qui dit bien la voie droite et chemine par les sentiers obliques Qui mâinvite Ă sa table et me dit dâapporter mon pain, qui me donne de la main droite et de la main gauche enlĂšve la moitiĂ©. Oui Seigneur, pardonne Ă la France qui hait les occupants et mâimpose lâoccupation si gravement Qui ouvre des voies triomphales aux hĂ©ros et traite ses SĂ©nĂ©galais en mercenaires, faisant dâeux les dogues noirs de lâEmpire Qui est la RĂ©publique et livre les pays aux Grands-Concessionnaires Et de ma MĂ©sopotamie, de mon Congo, ils ont fait un grand cimetiĂšre sous le soleil blanc. IV. Ah ! Seigneur, Ă©loigne de ma mĂ©moire la France qui nâest pas la France, ce masque de petitesse et de haine sur le visage de la France Ce masque de petitesse et de haine pour qui je nâai que haine â mais je peux bien haĂŻr le Mal Car jâai une grande faiblesse pour la France. BĂ©nis de peuple garrottĂ© qui par deux fois sut libĂ©rer ses mains et osa proclamer lâavĂšnement des pauvres Ă la royautĂ© Qui fit des esclaves du jour des hommes libres Ă©gaux fraternels BĂ©nis ce peuple qui mâa apportĂ© Ta Bonne Nouvelle, Seigneur, et ouvert mes paupiĂšres lourdes Ă la lumiĂšre de la foi. Il a ouvert mon cĆur Ă la connaissance du monde, me montrant lâarc-en-ciel des visages neufs de mes frĂšres. Je vous salue mes frĂšres toi Mohamed Ben Abdallah, toi Razafymahatratra, et puis toi lĂ -bas Pham-Manh-Tuong, vous des mers pacifiques et vous des forĂȘts enchantĂ©es Je vous salue tous dâune cĆur catholique. Ah ! je sais bien que plus dâun de Tes messagers a traquĂ© mes prĂȘtres comme gibier et fait un grand carnage dâimages pieuses. Et pourtant on aurait pu sâarranger, car elles furent, ces images, de la terre Ă Ton ciel lâĂ©chelle de Jacob La lampe au beurre clair qui permet dâattendre lâaube, les Ă©toiles qui prĂ©figurent le soleil. Je sais que nombre de Tes missionnaires ont bĂ©ni les armes de la violence et pactisĂ© avec lâor des banquiers Mais il faut quâil y ait des traĂźtres et des imbĂ©ciles. V. O bĂ©nis ce peuple, Seigneur, qui cherche son propre visage sous le masque et a peine Ă le reconnaĂźtre Qui Te cherche parmi le froid, parmi la faim qui lui rongent os et entrailles Et la fiancĂ©e pleure sa viduitĂ©, et le jeune homme voit sa jeunesse cambriolĂ©e Et la femme lamente oh ! lâĆil absent de son mari, et la mĂšre cherche le rĂȘve de son enfant dans les gravats. O bĂ©nis ce peuple qui rompt ses liens, bĂ©nis ce peuple aux abois qui fait front Ă la meute boulimique des puissants et des tortionnaires. Et avec lui tous les peuples dâEurope, tous les peuples dâAsie tous les peuples dâAfrique et tous les peuples dâAmĂ©rique Qui suent sang et souffrances. Et au milieu de ces millions de vagues, vois les tĂȘtes houleuses de mon peuple. Et donne Ă leurs mains chaudes quâelles enlacent la terre dâune ceinture de mains fraternelles. DESSOUS LâARC-EN-CIEL DE TA PAIX. Paris, janvier 1945 LĂ©opold SĂ©dar Senghor Paix
Claude et Georges Pompidou : lâamour au cĆur du pouvoir », de Pierre Hurel, Ă 23h40, sur France 3 . En octobre 1968, Claude Pompidou est la cible de rumeurs aprĂšs lâassassinat de
5 juillet 2011 - Seul le prononcĂ© fait foi DĂ©claration de M. Nicolas Sarkozy, PrĂ©sident de la RĂ©publique, en hommage Ă l'ancien prĂ©sident de la RĂ©publique, Georges Pompidou, Ă Montboudif Cantal le 5 juillet 2011. TĂ©lĂ©charger le .pdf Mesdames et Messieurs,Le 16 mai 1969, un peu plus de deux semaines aprĂšs la dĂ©mission du GĂ©nĂ©ral De Gaulle, Georges Pompidou prĂ©sentait aux Français sa candidature Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle par ces mots dont certains d'entre vous se souviennent peut-ĂȘtre Pendant longtemps vous le savez peut-ĂȘtre, je n'ai pas dĂ©sirĂ© une carriĂšre politique active. Et puis en 1962, le GĂ©nĂ©ral De Gaulle m'a nommĂ© d'emblĂ©e, Premier ministre. J'ai fait mon apprentissage, j'ai fait des fautes comme tout le monde, mais je ne crois pas avoir Ă©tĂ© indigne de ma fonction [...] Et puis est venu mai 1968 [...] Il fallait tenir. Il fallait d'abord rĂ©tablir l'ordre progressivement mais fermement et sans faire couler le sang, sans nous jeter dans la guerre civile. Il fallait remettre la France au travail. Et puis il fallait dĂ©jouer le complot politique, faire comprendre Ă l'opinion ce qui se passait [...] C'est Ă ce moment que j'ai compris que quand viendrait le jour, je n'aurai pas le droit de me n'imiterai pas le style du GĂ©nĂ©ral De Gaulle. Je ne le pourrai d'ailleurs et puis vous le voyez bien, je suis un homme propose une politique d'ouverture et de cela veut dire, un gouvernement rĂ©novĂ© se reposant sur une majoritĂ© trĂšs large Ă©tendue Ă tous ceux qui acceptent les principes essentiels de la Ve cela veut dire des rapports constants, confiants entre le Gouvernement et le Parlement avec tous les Ă©lus et avec le pays, car j'ai l'intention de lui expliquer, frĂ©quemment, simplement, franchement la politique... »Cet homme d'Ătat qui, selon l'un de ses biographes, Ă©tait allĂ© Ă la politique Ă pas lents » mourut le 2 avril 1974, terrassĂ© par une maladie dont peu de Français, peut-ĂȘtre mĂȘme pas lui, n'avait soupçonnĂ© la avait durĂ© trois jours de souffrance, aprĂšs un calvaire long de plusieurs mois pendant lesquels il avait fait face, sans jamais se plaindre, sans rien laisser paraĂźtre du terrible mal qui l' su qu'il allait mourir si vite ?Nul ne peut le dire. Mais il travailla comme s'il avait encore des annĂ©es Ă vivre, jusqu'Ă ce qu'Ă bout de forces, il tomba pour ne plus se dernier combat de sa vie, ce combat contre la mort, contre lui-mĂȘme, contre l'insigne faiblesse humaine, oĂč l'esprit jusqu'au dernier moment tint tĂȘte Ă ce corps si douloureusement diminuĂ© qui l'entraĂźnait inexorablement dans sa chute, ce combat fut le plus grand et le plus beau de sa vie. Et cet homme qui aimait tant la poĂ©sie se rĂ©cita peut-ĂȘtre alors au milieu du malheur le vers de Corneille qu'il connaissait si bien Meurs, mais quitte du moins la vie avec Ă©clat ».Des vers, il en avait appris des cinquante ans, il Ă©crivait La passion de la poĂ©sie, dont on me prĂ©disait lorsque j'Ă©tais enfant qu'elle passerait, a persistĂ© au-delĂ du milieu du chemin de la vie ».Elle ne le quittera jamais. La poĂ©sie, disait-il, est, ou peut, se trouver partout ...Il y a la poĂ©sie du soleil et celle de la brume, la poĂ©sie de la dĂ©couverte et celle de l'habitude, de l'espoir et du regret, de la mort et de la vie, du bonheur et du malheur... »Dans les joies familiales comme dans l'univers glacĂ© du pouvoir, dans sa jeunesse heureuse comme dans la douleur des derniers jours, l'art et la poĂ©sie lui firent aimer la vie, mĂȘme dans les pires moments. Car Ă cet homme qui rĂ©ussit tout, rien ne fut Ă©pargnĂ©. Il traversa des Ă©preuves terribles, se battit contre les prĂ©jugĂ©s, contre la calomnie, contre la l'amour de l'art et de la poĂ©sie on ne peut rien comprendre Ă un homme que rien ne semblait pouvoir Ă©branler tant sa force intĂ©rieure Ă©tait grande. Cette force, elle lui venait de son caractĂšre, de ses racines, de son Ă©ducation, de sa culture mais aussi de sa foi, car ce fils d'un instituteur socialiste, cet Ă©lĂšve mĂ©ritant Ă©levĂ© dans le culte de la RĂ©publique laĂŻque, Ă©tait croyant, d'une croyance sincĂšre, profonde, sans ostentation mais solidement ancrĂ©e en avait la tranquille assurance de ceux qui sont en accord avec eux-mĂȘmes, qui savent d'oĂč ils viennent et ce qu'ils attendent de la il venait, c'Ă©tait clair il venait d'ici, de cette vieille terre auvergnate, de ce haut plateau du Cantal, de ces gĂ©nĂ©rations de paysans dont il avait hĂ©ritĂ© les vertus simples et son enfance, il disait je n'ai reçu que des leçons de droiture, d'honnĂȘtetĂ© et de travail. Il en reste toujours quelque chose ». Meurs, mais quitte du moins ce monde avec Ă©clat ».Il quitta ce monde avec Ă©clat, je veux dire avec une dignitĂ© parfaite, un sens Ă©levĂ© de son devoir, un courage qui força l'admiration de tous ceux qui l'ont approchĂ© alors. Il est vrai qu'il eut la chance qu'Ă aucun moment son intelligence ne fut Ă©branlĂ©e par la fin bouleversante qui prit les Français par surprise et les Ă©mut si profondĂ©ment fit presque oublier ce qu'il avait accompli de son vivant. Le masque tragique du mourant cacha la grande figure de l'Homme d' circonstances contribuĂšrent Ă ce demi-oubli. La mort de Georges Pompidou coĂŻncida en effet avec la fin de ce que l'on appelle les trente glorieuses », ces trente glorieuses » dont il avait Ă©tĂ© la figure la plus marquante et qu'il avait, pour ainsi dire, souvenir de ces annĂ©es de prospĂ©ritĂ©, de foi dans le progrĂšs et dans la justice, allait vite ĂȘtre effacĂ© au cours des dĂ©cennies suivantes par l'inquiĂ©tude du quotidien et l'angoisse de l' Pompidou a pu apparaĂźtre alors comme le visage d'une Ă©poque rĂ©volue que chacun s'efforçait d'oublier, comme l'on oublie le temps du bonheur qui ne reviendra pas pour ne pas souffrir davantage de l'attendre en quarante ans de crises ininterrompues, de mutations douloureuses, avaient fini par nous faire oublier que l'avenir pouvait aussi ĂȘtre une promesse et pas seulement une temps est venu de nous rĂ©concilier avec ce que nous sommes profondĂ©ment, de reprendre confiance, de nous persuader que ce que nos pĂšres ont accompli jadis, nous sommes capables de l'accomplir de nouveau, que le gĂ©nie de notre peuple n'est pas moins grand aujourd'hui qu' centiĂšme anniversaire de la naissance de Georges Pompidou doit ĂȘtre l'occasion d'un examen de conscience, d'un retour sur nous-mĂȘmes Ă un moment de notre histoire oĂč ce retour devient absolument nĂ©cessaire. Car Ă©voquer la figure de Georges Pompidou, c'est Ă©voquer la plus pure tradition française mise au service de la plus grande modernitĂ©. C'est nous rappeler qu'au fond, la seule mission de la politique aujourd'hui encore, c'est de jeter un pont entre la France d'hier et celle de Pompidou a dit un jour un pays n'est pas une page blanche ».Il savait que la politique de la table rase a toujours Ă©tĂ© une catastrophe et qu'en fin de compte l'histoire, la culture, l'identitĂ©, le fruit du long travail des gĂ©nĂ©rations reviennent toujours hanter le prĂ©sent quoique l'on ait fait pour en effacer les France a une personnalitĂ© singuliĂšre, un caractĂšre particulier, un gĂ©nie propre qui ne cesse de s'enrichir, d'Ă©voluer, de changer par une lente mĂ©tamorphose mais les fils qui la relient Ă son passĂ©, Ă ses hĂ©ritages, ne se coupent Pompidou tissait sans cesse la trame de l'avenir avec ces fils qui couraient le long des siĂšcles et qui le rattachaient, lui, l'hĂ©ritier de tant de gĂ©nĂ©rations de paysans du Cantal Ă tout le passĂ© de la France. Je pense, disait-il, que l'habitude ancestrale de parcourir nos plateaux et nos montagnes au pas lent du paysan donne tout naturellement le goĂ»t des vastes Ă©tendues et le sens de la durĂ©e, nĂ©cessaires pour atteindre le but. »Ces racines, il les plongeait dans ce plateau aride, dans la France paysanne mais aussi profondĂ©ment dans cette RĂ©publique des Instituteurs qui croyait au savoir, au mĂ©rite, au progrĂšs, Ă la justice. Celle de Jules Ferry, de Clemenceau, de PĂ©guy et de JaurĂšs. JaurĂšs, dont le souvenir rĂ©cent hantait encore la vieille citĂ© d'Albi oĂč le petit Georges passa son enfance et oĂč son pĂšre LĂ©on devenu professeur d'Espagnol militait Ă la section locale de la l'Ă©cole primaire jusqu'Ă Louis le Grand, l'enfant du Cantal, le fils de LĂ©on Pompidou, instituteur, et de Marie Louise Chavagnac, institutrice, rafla tous les prix et lut tous les 1931, il intĂ©gra l'Ăcole Normale SupĂ©rieure, le temple du mĂ©rite rĂ©publicain. Il allait en garder le souvenir inoubliable d'une grande libertĂ© intellectuelle et des amis pour la vie, parmi lesquels LĂ©opold Sedar Senghor, le grand poĂšte de la NĂ©gritude qui deviendrait le Premier PrĂ©sident de la RĂ©publique du SĂ©nĂ©gal et qui dira aprĂšs sa mort Je lui dois beaucoup. C'Ă©tait l'ami le plus loyal qui fut et notre amitiĂ© a rĂ©sistĂ© Ă toutes les Ă©preuves. »Il passa l'agrĂ©gation de lettres. Il fut reçu premier. Ce fut sa revanche sur le concours d'entrĂ©e Ă l'Ăcole Normale oĂč il n'avait Ă©tĂ© reçu qu'Ă la huitiĂšme place. Toute sa vie il dĂ©testerait ne pas ĂȘtre le premier... AprĂšs son service militaire il fut affectĂ© comme professeur au LycĂ©e St Charles Ă Marseille. Il y partit avec celle qui venait de devenir son Ă©pouse et avec laquelle il allait dĂ©sormais tout milieu des difficultĂ©s de la vie et du pouvoir qui mettent les sentiments Ă si rude Ă©preuve, l'amour de Georges et de Claude Pompidou resterait indestructible. Elle serait Ă ses cĂŽtĂ©s jusqu'au dernier jour. Lui, il lui ferait confiance et la soutiendrait quoi qu'il arrivĂąt. Et quand on voulut l'atteindre Ă travers elle, quand le mensonge et la calomnie s'efforcĂšrent de la salir en cherchant Ă l'impliquer dans une histoire rĂ©pugnante oĂč elle n'avait aucune part, il la dĂ©fendit avec une fĂ©rocitĂ© qu'on ne lui connaissait pas. Cette attaque contre elle, ce fut sans doute la seule chose que cet homme si peu rancunier, ne pardonnerait enseigna trois ans Ă Marseille. Puis, un peu par hasard il se retrouva mutĂ© Ă Paris au lycĂ©e Henri IV et s'installa au Quartier Latin. La guerre l'arracha Ă sa vie de professeur, aux théùtres et aux galeries d'Art qu'il aimait tant. Il se battit courageusement sur la Somme, la Marne, la Seine, la discours du MarĂ©chal PĂ©tain demandant l'armistice le surprit Ă Sully-sur-Loire aprĂšs de violents n'entendit pas l'appel du 18 juin. Il ne partit pas Ă Londres et s'il rejeta toute forme de collaboration avec un occupant qu'il dĂ©testait, s'il eut des sympathies pour des RĂ©sistants qu'il aida Ă l'occasion, il eut, contrairement Ă bien d'autres, l'honnĂȘtetĂ© de reconnaĂźtre qu'il n'en devint pas un lui-mĂȘme. Certains le lui utilisa une fois encore l'arme de la calomnie pour abattre par tous les moyens cet homme sur lequel nul n'avait de prise et qui n'appartenait Ă aucun clan, Ă aucune ce fut peut-ĂȘtre lui finalement qui comprit le mieux le gaullisme, ou en tout cas qui le servit le mieux, bien qu'il ne rencontrĂąt le gĂ©nĂ©ral De Gaulle qu'en qui semblait promis Ă une brillante carriĂšre universitaire et qui, Ă part ses prises de position contre l'Action française du temps de sa jeunesse Ă©tudiante, ne s'Ă©tait jamais mĂȘlĂ© Ă la politique, dĂ©cida dans l'euphorie de la LibĂ©ration qu'il ne pouvait pas rester professeur au moment oĂč toutes les Ă©nergies devaient ĂȘtre mobilisĂ©es pour reconstruire le pays. Il força alors le destin en Ă©crivant Ă son camarade de promotion de Normale, RenĂ© Brouillet Il n'y a que par l'effort de tous, sans distinction aucune de partis que l'on peut espĂ©rer refaire une France [...]. Je ne demande rien de brillant, ni d'important mais d'utile et je n'apporte aucun gĂ©nie, mais de la bonne volontĂ©, et je crois, du bon sens. »Cette offre de service le fit entrer au cabinet du GĂ©nĂ©ral De Gaulle oĂč il allait jouer un rĂŽle grandissant jusqu'au dĂ©part du chef du Gouvernement provisoire opposĂ© au retour du rĂ©gime des partis avec lesquels il ne voulait pas se des requĂȘtes au Conseil d'Ătat, adjoint au Commissaire gĂ©nĂ©ral au tourisme, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Fondation Anne De Gaulle, il devint en 1948 chef du cabinet du GĂ©nĂ©ral De Gaulle, c'est-Ă -dire alors son plus proche collaborateur. Ce fut le temps des premiĂšres jalousies et des premiers coups bas. Il s'en sortit bien. Il installa son influence au cur du mouvement gaulliste sans se mĂȘler aux querelles de pouvoirs et de personnes. Il s'imposa, comme toujours, par son travail acharnĂ©, sa disponibilitĂ©, ce bon sens paysan qu'il affectionnait tant et le conduisait Ă ne prendre que des risques soigneusement 1953, changeant l'orientation de sa carriĂšre, il entra Ă la Banque Rothschild. Jusqu'Ă ce qu'en en mai 1958, le gĂ©nĂ©ral De Gaulle revenant au pouvoir le rappela pour en faire son directeur de cabinet. Il le restera pendant ces six mois dĂ©cisifs, de juin Ă dĂ©cembre janvier 1959, le GĂ©nĂ©ral installĂ© Ă l'ĂlysĂ©e, Georges Pompidou retourna au mĂ©tier de banquier auquel il avait pris goĂ»t. Il allait y rester jusqu'Ă sa nomination comme Premier ministre, en avril 1962. Alors cet homme d'Ătat qui Ă©tait venu Ă la politique Ă pas si lents que personne ne l'avait vu venir, entra de plain pied dans son destin. Il allait exercer cette fonction exigeante pendant plus de six collaborateur efficace qui se tenait soigneusement Ă l'Ă©cart de la politique, se retrouvait ainsi du jour au lendemain au centre de tous les jeux, de toutes les manuvres, de toutes les ambitions que la politique peut susciter. Et, fait inattendu pour beaucoup qui ne connaissaient ni sa finesse d'esprit, ni sa tĂ©nacitĂ©, cet homme qui n'avait pas l'expĂ©rience d'une longue carriĂšre d'Ă©lu rĂ©ussit Ă s'imposer Ă ce milieu sans pitiĂ© pour ceux qui n'en connaissent pas les codes et les rĂšgles. Sa soliditĂ© fit merveille au milieu de l'agitation. Il se fixa un cap et s'y tint sans s'en laisser commentant la nouvelle Constitution, le GĂ©nĂ©ral De Gaulle avait fixĂ© la rĂ©partition des rĂŽles au PrĂ©sident de la RĂ©publique l'essentiel et le long terme. Au Premier ministre la gestion du quotidien, Georges Pompidou en fit sa grandeur, car la vie quotidienne le passionnait. Il regardait toujours la politique comme une question de civilisation et la civilisation il en voyait d'abord la manifestation concrĂšte dans la vie de tous les ne crut jamais aux grands desseins dĂ©tachĂ©s de cette rĂ©alitĂ© et il Ă©prouva toujours une mĂ©fiance instinctive vis-Ă -vis des grands systĂšmes de pensĂ©e, des grandes constructions idĂ©ologiques. Rien ne lui Ă©tait plus Ă©tranger que l'esprit de fut dans les choses concrĂštes de la vie que s'exprima sans doute le plus complĂštement son profond qui ne croyait pas que l'on pĂ»t changer la sociĂ©tĂ© par dĂ©cret parce qu'il ne croyait qu'aux lentes mĂ©tamorphoses de la civilisation, accomplit la modernisation de la France dont il sentait la nĂ©cessitĂ© par les mille dĂ©tails de la vie ordinaire. Il s'intĂ©ressa Ă tout Ă l'agriculture, Ă l'amĂ©nagement du territoire, Ă l'industrie, Ă la recherche, aux transports, Ă l'Ă©nergie, Ă l'urbanisme, Ă l'Ă©ducation...Devenu PrĂ©sident, il continue Ă se prĂ©occuper des petits problĂšmes de la vie ordinaire Ă travers lesquels se fabrique l'identitĂ© d'un peuple. Certains d'entre vous connaissent peut-ĂȘtre cette lettre que le PrĂ©sident Pompidou prit un jour la peine d'Ă©crire Ă son Premier ministre et que je ne rĂ©siste pas au plaisir de vous lire tant elle est rĂ©vĂ©latrice de l'Homme et du PrĂ©sident Mon cher Premier ministre,J'ai eu par le plus grand des hasards, communication d'une circulaire du Ministre de l'Ăquipement - Direction des Routes et de la Circulation RoutiĂšre - dont je vous fais parvenir photocopie.[...]...Bien que j'aie plusieurs fois exprimĂ© en Conseil des Ministres ma volontĂ© de sauvegarder "partout" les arbres, cette circulaire tĂ©moigne de la plus profonde indiffĂ©rence Ă l'Ă©gard des souhaits du PrĂ©sident de la RĂ©publique. Il en ressort, en effet, que l'abattage des arbres le long des routes deviendra systĂ©matique sous prĂ©texte de est Ă noter par contre que l'on n'envisage qu'avec beaucoup de prudence et Ă titre de simple Ă©tude, le dĂ©placement des poteaux Ă©lectriques ou tĂ©lĂ©graphiques. C'est que lĂ il y a des Administrations pour se dĂ©fendre. Les arbres, eux, n'ont, semble-t-il, d'autres dĂ©fenseurs que moi-mĂȘme et il apparaĂźt que cela ne compte pas.[...] La sauvegarde des arbres plantĂ©s au bord des routes - et je pense en particulier aux magnifiques routes du Midi bordĂ©es de platanes - est essentielle pour la beautĂ© de notre pays, pour la protection de la nature, pour la sauvegarde d'un milieu vous demande donc de faire rapporter la circulaire des Ponts et ChaussĂ©es, et de donner des instructions prĂ©cises au Ministre de l'Ăquipement pour que, sous divers prĂ©textes, on ne poursuive pas dans la pratique ce qui n'aurait Ă©tĂ© abandonnĂ© que dans le principe et pour me donner satisfaction d' vie moderne dans son cadre de bĂ©ton, de bitume et de nĂ©on crĂ©era de plus en plus chez tous un besoin d'Ă©vasion, de nature et de beautĂ©. L'autoroute sera utilisĂ©e pour les transports qui n'ont d'autre objet que la rapiditĂ©. La route, elle, doit redevenir pour l'automobiliste de la fin du vingtiĂšme siĂšcle ce qu'Ă©tait le chemin pour le piĂ©ton ou le cavalier un itinĂ©raire que l'on emprunte sans se hĂąter, en en profitant pour voir la France. Que l'on se garde de dĂ©truire systĂ©matiquement ce qui en fait la beautĂ© ! »Cet adepte du progrĂšs Ă©conomique et de l'expansion, comme l'on disait Ă l'Ă©poque, fut, avant tout le monde, autant prĂ©occupĂ© par le souci de donner accĂšs Ă tous les Français aux commoditĂ©s de la vie moderne que par la nĂ©cessitĂ© d'Ă©viter un bouleversement trop brutal du mode de vie qui dĂ©racinerait totalement l'homme et l'asservirait Ă la technique et Ă l' loin, ne dira-t-il pas un jour Je suis de ceux qui pensent que dans cinquante ans la fortune consistera Ă pouvoir s'offrir la vie du paysan aisĂ© du dĂ©but du siĂšcle [...] On y ajoute des piscines et des automobiles, mais ce n'est pas une modification fondamentale, il reste le besoin d'air, de puretĂ©, de libertĂ©, de silence... »En 1970, Ă Chicago, il dĂ©clara L'emprise de l'Homme sur la Nature est devenue telle qu'elle comporte le risque de destruction de la nature elle-mĂȘme [...]. La Nature nous apparaĂźt comme un cadre prĂ©cieux et fragile qu'il importe de protĂ©ger pour que la Terre devienne habitable Ă l'Homme. »On a tendance Ă oublier que ce fut lui, Georges Pompidou, qui crĂ©a en France, en janvier 1971, le ministĂšre de l'Environnement qu'il confia Ă Robert Poujade. Audace inouĂŻe pour l'Ă©poque. Robert Poujade a racontĂ© les rĂ©sistances auxquelles il fut confrontĂ© dans un livre au titre Ă©vocateur Le ministĂšre de l'impossible ».L'homme qui Ă©crivait Le plan doit ĂȘtre l'affirmation d'une ambition nationale » et qui ne cessait de rĂ©pĂ©ter Les grandes capacitĂ©s de notre agriculture doivent ĂȘtre utilisĂ©es pleinement afin de donner Ă notre production, en quantitĂ© et en qualitĂ©, la prĂ©pondĂ©rance au sein du MarchĂ© Commun. Notre appareil commercial, intĂ©rieur et extĂ©rieur, doit ĂȘtre Ă©tendu et adaptĂ© aux formes modernes de la concurrence. Notre industrie doit accroĂźtre considĂ©rablement ses capacitĂ©s de production et poursuivre activement la transformation de ses structures. C'est dans le domaine de l'industrie que l'effort le plus grand reste Ă faire en dĂ©pit des progrĂšs accomplis dans les derniĂšres annĂ©es.»Cet homme Ă©tait aussi celui qui affirmait Le progrĂšs doit trouver ses limites dans les bouleversements qu'il entraĂźne dans la vie des hommes et dont il est vain de croire qu'ils puissent ĂȘtre imposĂ©s au nom des seules nĂ©cessitĂ©s Ă©conomiques et des perspectives de l'avenir. ».Il ne faisait au fond qu'approfondir l'analyse qu'il avait commencĂ©e face aux Ă©vĂ©nements de Mai 68 et qui sonnait si juste lorsqu'il s'Ă©tait Ă©criĂ© Ă l'AssemblĂ©e le 14 mai Je ne vois de prĂ©cĂ©dent dans notre histoire qu'en cette pĂ©riode dĂ©sespĂ©rĂ©e que fut le XVe siĂšcle, oĂč s'effondraient les structures du Moyen-Ăąge et oĂč, dĂ©jĂ , les Ă©tudiants se rĂ©voltaient en ce stade, ce n'est plus, croyez-moi, le Gouvernement qui est en cause, ni les institutions, ni mĂȘme la France. C'est notre civilisation elle-mĂȘme. Tous les adultes et tous les responsables, tous ceux qui prĂ©tendent guider les hommes se doivent d'y songer, parents, maĂźtres, dirigeants professionnels ou syndicaux, Ă©crivains et journalistes, prĂȘtres et laĂŻcs. »Crise de civilisation, donc Ă ses yeux, qui commence et Ă laquelle il appellerait bientĂŽt Ă opposer un nouvel a dit parfois de Georges Pompidou qu'il Ă©tait conservateur parce qu'il n'Ă©tait pas rĂ©volutionnaire. On a eu tort. Qu'on lise le Nud Gordien, que l'on recense tout ce qui a Ă©tĂ© accompli par lui comme Premier ministre durant plus de six ans et comme PrĂ©sident durant prĂšs de cinq ans, sans faire d'anachronisme, sans juger une Ă©poque dĂ©jĂ lointaine avec les prĂ©jugĂ©s de la nĂŽtre, alors on s'apercevra qu'il fut l'un des hommes d'Ătat les plus rĂ©formateurs et les plus lucides que la France ait connu depuis la le GĂ©nĂ©ral De Gaulle, il fut Jacques Chaban-Delmas, ce fut l'incomprĂ©hension entre deux caractĂšres, deux personnalitĂ©s, deux maniĂšres d'envisager la leurs façons, ils eurent raison tous les deux. Mais ces deux raisons ne se supportaient Chaban-Delmas ne fut pas pour la Nouvelle SociĂ©tĂ© parce qu'il Ă©tait progressiste et Georges Pompidou contre parce qu'il aurait Ă©tĂ© fonciĂšrement conservateur. Mais l'un ne voyait la politique qu'Ă travers la sociĂ©tĂ© et l'autre surtout Ă travers la civilisation qui bouge beaucoup plus lentement. Au fond l'un proclamait en substance que toute politique implique une idĂ©e de la sociĂ©tĂ© tandis que l'autre lui rĂ©pondait que toute politique implique quelque idĂ©e de l'homme ».Mais tous les deux avaient le mĂȘme objectif amĂ©liorer le niveau de vie et la qualitĂ© de vie de tous, sans laisser quiconque de cĂŽtĂ©. Tous les deux Ă©taient attachĂ©s Ă l'Ă©galitĂ© des chances, Ă la rĂ©duction des Ă©carts entre les riches et les pauvres, Ă la sauvegarde de la dignitĂ© de chacun quelle que soit sa Ă©vitĂ© ou ralenti la crise de civilisation si l'on avait poursuivi dans la voie de la Nouvelle SociĂ©tĂ© » ?C'est bien difficile Ă les deux approches n'Ă©taient pas social de l'un et le solide bon sens de l'autre avaient pu s' fait est que le rendez-vous a Ă©tĂ© temps a fait dĂ©faut Ă Georges Pompidou pour tirer toutes les consĂ©quences de sa pensĂ©e. En lisant le Nud Gordien, ce livre inachevĂ© qu'il a Ă©crit entre le moment oĂč il quitta Matignon et les Ă©lections prĂ©sidentielles, on se prend Ă mesurer le temps que nous avons perdu depuis. Je pense en particulier aux pages sur l'autonomie des universitĂ©s, aux rĂ©flexions sur le baccalaurĂ©at ou sur les rapports entre l'Ă©conomie et le le plus important pour Georges Pompidou se situait plus en profondeur Quand on aura, disait-il, dĂ©truit toutes croyances, inculquĂ© le refus de tout ordre social et de toute autoritĂ©, sans rien proposer en Ă©change, rien ne servira, en prĂ©sence d'une humanitĂ© dĂ©sorientĂ©e et livrĂ©e inĂ©luctablement Ă la domination des forces les plus aveuglĂ©ment brutales, de s'Ă©crier Nous n'avons pas voulu cela ! ».Cet homme dont l'intelligence resta en Ă©veil jusqu'au dernier moment avait pressenti qu'une Ă©poque s'achevait et pas seulement parce qu'il avait essayĂ© de tirer les leçons de Mai 68 ou parce qu'il avait anticipĂ© la crise sentit venir le dĂ©clin des vieilles nations industrielles si elles se laissaient aller Ă vivre sur leurs acquis et il comprit tout de suite la signification du premier choc comprit aussi avant beaucoup d'autres que dans la partie dĂ©cisive qui allait s'engager la France ne pourrait pas jouer savait que le marxisme avait dĂ©jĂ Ă©chouĂ©. Mais il ne voulait pas pour autant que la France s'infĂ©odĂąt Ă quiconque, en particulier aux Ătats-Unis. C'est la raison pour laquelle, tout en tournant le dos Ă l'antiamĂ©ricanisme qui lui paraissait absurde, il entreprit en mĂȘme temps de faire franchir Ă l'Europe un pas encore, Ă cĂŽtĂ© de la question des moyens, c'Ă©tait la question de la civilisation qui Ă©tait pensait que la crise de la civilisation Ă©tait d'abord celle du matĂ©rialisme et qu'entre les deux matĂ©rialismes qui prĂ©tendaient se partager le monde, l'Europe avait son rĂŽle Ă jouer pour faire prĂ©valoir une autre idĂ©e de l' nouvel humanisme qu'il appelait de ses vux pour conjurer la crise intellectuelle et morale, seule Ă ses yeux, l'Europe Ă©tait capable de l' acte de foi dans la culture europĂ©enne allait donner Ă son analyse gĂ©opolitique de la nĂ©cessitĂ© de l'Europe une force qui allait lui permettre de vaincre bien des choix de l'Europe, ce fut celui de l'entrĂ©e de l'Angleterre dans la communautĂ© choix de l'Europe, ce furent les premiers pas de l'Union MonĂ©taire Ă laquelle Georges Pompidou apporta un soutien dĂ©cisif et qui devait se concrĂ©tiser vingt ans plus fit aussi le choix de la MĂ©diterranĂ©e, vers laquelle toute sa culture l'incitait Ă tourner ses regards, en poursuivant la politique que le GĂ©nĂ©ral De Gaulle avait engagĂ©e vis-Ă -vis du monde arabe. Il savait que le sort de la France et de l'Europe se jouait aussi sur ses rivages oĂč il s'Ă©tait jouĂ© durant des par delĂ la MĂ©diterranĂ©e, il tendit la mĂȘme main fraternelle que le fondateur de la Ve RĂ©publique Ă l'Afrique d'HouphouĂ«t Boigny et de Senghor. Prudence et obstination », Ă©crira Ă son propos Ă la une du Monde, Viansson-PontĂ©, le lendemain de sa mort. Prudence et obstination », ce n'Ă©tait pas seulement son caractĂšre, c'Ă©tait la ligne qu'il s'Ă©tait fixĂ©e pour parvenir aux buts qu'il s'Ă©tait avait dit Les peuples faciles Ă gouverner sont des peuples qui pensent peu ». Il savait que le peuple français est un peuple qui pense beaucoup et qui est donc difficile Ă croyait Ă la nĂ©cessitĂ© d'ĂȘtre ferme sans jamais choisir la voie de la brutalitĂ© et de la violence. C'est ce qu'il avait fait en Mai 68 quand son autoritĂ© naturelle permit d'Ă©viter le art de gouverner fut une leçon de politique. Il ne fit pas tout ce qu'il voulait. Il fit plus que la plupart des hommes d'Ătat qui dans l'Histoire voulurent que la France puisse Ă©pouser son temps. Prudence et obstination », certes mais hauteur de vue. Prudence et obstination », assurĂ©ment mais au service d'un grand dessein. Il en eut principaux atouts d'aujourd'hui, et pas seulement le TGV, le nuclĂ©aire, ou Airbus, ont Ă©tĂ© forgĂ©s Ă cette Ă©poque dans une synthĂšse entre la plus belle tradition rĂ©publicaine, celle du savoir et du mĂ©rite, et la plus profonde volontĂ© rĂ©formatrice. Qu'avons-nous fait depuis 40 ans de cet hĂ©ritage ? Serons-nous capables d'opĂ©rer Ă nouveau cette synthĂšse fĂ©conde entre tradition et modernitĂ©, entre l'initiative privĂ©e et un Ătat entrepreneur ?Dans son premier message au Parlement, le tout nouveau PrĂ©sident de la RĂ©publique avait dit Face Ă une contestation purement nĂ©gative, un conservatisme condamnĂ© d'avance Ă l'Ă©chec, c'est par l'action et le mouvement que peut se construire l'avenir ».Jamais peut-ĂȘtre depuis lors ces mots n'ont de nouveau sonnĂ© aussi avait dit Je veux ĂȘtre un PrĂ©sident qui gouverne ». Il avait gouvernĂ© et rĂ©ussi Ă succĂ©der au GĂ©nĂ©ral De Gaulle, ce qui paraissait ceux qui avaient prĂ©dit que les institutions de la Ve RĂ©publique ne survivraient pas Ă leur fondateur, il avait apportĂ© le dĂ©menti de sa tranquille 1959, il avait rĂ©pondu au questionnaire de Proust Quel est votre vertu favorite ?La est votre qualitĂ© prĂ©fĂ©rĂ©e chez l'homme ?La est votre idĂ©e du bonheur ? Au coin du feu le soir auprĂšs d'une Ăąme aimĂ©e ».On lui a fait dire beaucoup de choses qu'il n'avait pas dites. On n'a pas vu tout ce qu'il avait fait pour prĂ©parer l' comprenait la vie parce qu'il l' savait mieux que personne qu'elle n'Ă©tait pas blanche ou noire, qu'elle pouvait ĂȘtre tragique. Mais il avait dĂ©cidĂ© de l'aimer quand mĂȘme et quand pointait le dĂ©sespoir, il y avait toujours la poĂ©sie ou l'Ăąme POMPIDOU aimait profondĂ©ment la France et les Français le lui ont bien rendu ils l'ont respectĂ©, ils l'ont admirĂ©. Et enfin ils l'ont aimĂ© Ă leur la RĂ©publique !Vive la France !
IVcK9XN. 4h2zjos0nq.pages.dev/2764h2zjos0nq.pages.dev/3274h2zjos0nq.pages.dev/3754h2zjos0nq.pages.dev/1964h2zjos0nq.pages.dev/2324h2zjos0nq.pages.dev/3664h2zjos0nq.pages.dev/274h2zjos0nq.pages.dev/1744h2zjos0nq.pages.dev/227
claude et georges pompidou l amour au coeur du pouvoir